Lecture d'un commentaire (15492)


Jn 3,27

Commentaire: Mais que signifient ces paroles : « Il faut qu'il croisse ? » Dieu ne peut ni croître ni diminuer ; Jean-Baptiste et Jésus, sous le rapport de la naissance temporelle, étaient contemporains, et les quelques mois qui séparaient l'une de l'autre ne faisaient pas une différence d'âge. Ces paroles renferment un grand mystère ; avant la venue du Seigneur, les hommes mettaient toute leur gloire en eux-mêmes, il est venu et s'est fait homme pour diminuer la gloire de l'homme, et accroître la gloire de Dieu. Il est venu, en effet, pour pardonner les péchés à l'homme, à la condition qu'il les confesserait. Or, l'homme s'humilie quand il confesse ses péchés, et Dieu s'élève, pour ainsi dire, quand il exerce la miséricorde. Cette vérité se trouve exprimée dans la mort différente de Jésus-Christ et de Jean-Baptiste ; Jean fut diminué de la tête, et Jésus fut élevé en croix. Remarquez encore que Jésus vint au monde, lorsque les jours commencent à croître, tandis que la naissance de Jean eut lieu lorsqu'ils commencent à décroître. Que la gloire de Dieu croisse donc dans notre âme, et que notre propre gloire s'amoindrisse, pour qu'elle puisse elle-même s'accroître en Dieu. Or, plus vous avancez dans la connaissance de Dieu, plus aussi Dieu paraît croître en vous ; car il ne peut croître en lui-même, puisqu'il est parfait de toute éternité. Lorsque les yeux d'un aveugle sont guéris de leur cécité, il commence d’abord par voir un peu la lumière ; le jour suivant, il la voit davantage, la lumière paraît croître pour lui ; cependant elle a toute sa plénitude, toute sa perfection, qu'il la voie ou qu'il ne la voie point ; ainsi l'homme intérieur fait des progrès dans la connaissance de Dieu, et Dieu paraît croître en lui, tandis qu'il s'amoindrit lui-même et tombe, pour ainsi dire, de sa propre gloire, pour se relever dans la gloire de Dieu.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)