Lecture d'un commentaire (15234)


Jn 1,32

Commentaire: Si nous lisons les autres évangélistes qui se sont étendus davantage sur le baptême du Sauveur, nous y verrons de la manière la plus claire que la colombe est descendue sur le Seigneur, lorsqu'il sortit de l'eau. Or, si la colombe n'est descendue qu'après le baptême, et que Jean-Baptiste ait dit à Jésus avant son baptême: «C'est moi qui dois être baptisé par vous», il le connaissait donc avant son baptême; et comment alors a-t-il pu dire: «Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser m'a dit: Celui sur lequel vous verrez descendre l'Esprit saint ?» etc. Sont-ce ces dernières paroles qui lui ont fait connaître celui qu'il ne connaissait pas? Jean-Baptiste savait que le Sauveur était le Fils de Dieu, il savait également qu'il baptiserait dans l'Esprit saint. Car avant que Jésus-Christ se rendît sur les bords du Jourdain, alors que le peuple venait en foule trouver Jean-Baptiste, il leur dit: «Celui qui vient après moi est plus grand que moi, c'est lui qui vous baptisera dans l'eau et dans le feu». Mais que ne savait donc pas Jean-Baptiste? Il ne savait pas que le pouvoir du baptême devait appartenir exclusivement en propre au Seigneur, qui devait le conserver, de manière à ce que ni Pierre ni Paul ne pussent dire: «Mon baptême», comme nous voyons que Paul a dit: «Mon Évangile»; et que l'administration de ce sacrement devait être confié également aux bons et aux mauvais. Que vous importe un mauvais ministre, alors que le Seigneur est bon? On a rebaptisé après le baptême de Jean-Baptiste, on n'a point rebaptisé après le baptême d'un homicide, parce que Jean n'a donné que son baptême, et que l'homicide a donné le baptême de Jésus-Christ, et que la sainteté de ce sacrement est si grande, qu'elle ne peut être souillée par un ministre coupable d'homicide. Le Seigneur aurait pu, s'il avait voulu, donner à l'un de ses serviteurs le pouvoir d'administrer le baptême en son propre nom, et attribuer au sacrement de baptême conféré au nom de son serviteur, une efficacité aussi grande que celle du baptême donné par le Seigneur lui-même. Il ne l'a pas voulu, afin que ceux qui reçoivent son baptême missent toute leur espérance en celui au nom duquel ils reconnaîtraient avoir été baptisés, et il n'a point voulu qu'un serviteur plaçât son espérance dans un autre serviteur. S'il avait transmis ce pouvoir à ses serviteurs, il y aurait autant de baptêmes qu'il y a de serviteurs; et comme on a dit le baptême de Jean, on aurait dit aussi le baptême de Pierre ou de Paul. Ce pouvoir que Jésus-Christ s'est exclusivement réservé, est le fondement de l'unité de l'Eglise, dont il est dit: «Une seule est ma colombe». (Ct 6,8) Il peut se faire que quelqu'un ait reçu le baptême d'un autre que de la colombe, mais il est impossible que ce baptême ait pour lui la moindre efficacité.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)