Lecture d'un commentaire (15195)


Jn 1,19

Commentaire: On peut dire encore que les Juifs avaient à l'égard de Jean-Baptiste, des sentiments beaucoup trop humains. Ils regardaient comme indigne de lui d'être inférieur au Christ, à cause de l'éclat extraordinaire qui entourait toutes les circonstances de sa vie, sa naissance illustre (il était fils du prince des prêtres), son éducation austère, et mépris qu'il faisait des choses humaines. Jésus-Christ, au contraire, paraissait venir d'une famil obscure, comme s Juifs lui reprochaient: Est-ce qu'il n'est pas fils du charpentier ? (Mt 13,55) et sa manière de se nourrir et de se vêtir n'avait rien qui distinguât des autres hommes. Or, comme Jn envoyait continuelment à Jésus-Christ, et que s Juifs cependant préféraient avoir pour maître, ils lui envoient une députation, dans espérance de amener par urs ftteries, à décrer qu'il était Christ. Ce ne sont donc point des hommes du peup qu'ils lui députent (comme lorsqu'ils envoient au Christ des serviteurs et des hérodiens), mais des prêtres et des lévites, et encore n'étaient-ce pas les premiers venus, mais des prêtres de Jérusalem, c'est-à-dire, les plus honorables et les plus distingués d'entre eux. Ils lui envoient donc demander: Qui êtes-vous ? non pas qu'ils ignorent ce qu'il est, mais parce qu'ils veulent l'amener à donner une réponse conforme à leurs désirs. Aussi Jean-Baptiste répond à leurs pensées plutôt qu'à leur question: Il confessa, et il ne le nia point, il confessa: Je ne suis pas le Christ. Et voyez la sagesse de l'Évangéliste, il répète trois fois à peu près la même expression, pour faire ressortir la vertu de Jean-Baptiste, et la malice insensée des Juifs; car c'est le devoir d'un serviteur fidèle, non seulement de ne pas ravir la gloire qui appartient à son maître, mais de la rejeter quand elle lui est offerte, même par un grand nombre. C'était par ignorance que le peuple conjecturait que Jean-Baptiste pourrait être le Christ, tandis que c'est avec mauvaise intention que les prêtres et les lévites lui adressent cette question, espérant l'amener par leurs flatteries au résultat qu'ils désiraient. Si telle n'avait pas été leur intention, lorsque Jean leur eut répondu: Je ne suis pas le Christ, ils se fussent empressés de dire: Nous n'avons jamais eu cette pensée, ce n'est pas ce que nous sommes venus vous demander. Mais honteux de voir leur pensées ainsi dévoilées, ils passent aussitôt à une autre question: Qui êtes-vous donc, lui dirent-ils? Etes-vous Elie ?


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)