Lecture d'un commentaire (15064)


Jn 1,4

Commentaire: Ou encore dans un autre sens, ne plaçons pas après ces paroles: Sans lui rien n'a été fait, le point qui termine la phrase, comme font les hérétiques qui prétendent que l'Esprit saint a été créé, et qui lui appliquent celles qui suivent: Ce qui a été fait en lui, était la vie. En effet, cette explication est inadmissible. D'abord ce n'était pas le moment de parler de l'Esprit saint; mais supposons qu'il soit question de l'Esprit saint, et admettons leur manière de lire le texte, leur explication n'en sera ni moins absurde ni moins inconvenante. Ils prétendent donc que ces paroles: Ce qui a été fait en lui était la vie, s'appliquent à l'Esprit saint qui est la vie. Mais cette vie est en même temps la lumière, car nous lisons à la suite: Et la vie était la lumière des hommes. Donc d'après ces hérétiques, c'est l'Esprit saint qui est appelé ici la lumière de tous. Mais ce que l'Évangéliste appelait plus haut le Verbe, c'est ce qu'il appelle ici Dieu, la vie et la lumière. Or, comme le Verbe s'est fait chair, ce sera donc l'Esprit saint qui se sera incarné et non le Fils. Il faut donc renoncer à cette manière de lire le texte, et adopter une lecture et une explication plus raisonnables. Or, voici comme on doit lire: Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n'a été fait de ce qui a été fait, et arrêter là le sens de la phrase, puis recommencer ensuite: En lui était la vie, comme s'il disait: Sans lui rien n'a été fait de ce qui a été fait, c'est-à-dire de tout ce qui devait être fait. Vous voyez comment en ajoutant deux mots au premier membre de phrase, on fait disparaître toute difficulté. En effet, en disant: Sans lui rien n'a été fait, et en ajoutant: De ce qui a été fait, l'Évangéliste embrasse toutes les créatures visibles et invisibles, et exclut évidemment l'Esprit saint, car l'Esprit saint ne peut être compris parmi les créatures qui pouvaient être faites et appelées à la vie. Ces paroles de saint Jean ont donc pour objet la création de l'univers; il en vient ensuite à l'idée de la Providence dont il parle en ces termes: En lui était la vie. De même que vous ne pouvez épuiser ni diminuer une de ces sources profondes qui donnent naissance aux grands fleuves et alimentent les mers, ainsi vous ne pouvez supposer la moindre altération dans le Fils unique, quelles que soient les oeuvres que vous croyiez qu'il ait faites. Ces paroles: En lui était la vie, ne se rapportent pas seulement à la création, mais à la Providence qui conserve l'existence aux choses qui ont été créées. Gardez-vous toutefois de supposer rien de composé ou de créé dans le Fils, en entendant l'Évangéliste tous dire: En lui était la vie, car comme le Père a en soi la vie, ainsi a-t-il donné au Fils d'avoir la vie en soi (Jn 5). Ne supposez donc rien de créé dans le Fils, pas plus que vous ne le supposez dans le Père.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)