Lecture d'un commentaire (15060)


Jn 1,4

Commentaire: On peut donner encore cette autre explication: Il faut se rappeler que dans le Sauveur certains attributs ne sont point pour lui, mais pour les autres, et certains autres sont tout à la fois pour lui et pour les autres. Comment donc doit-on ici entendre ces paroles: Ce qui a été fait dans le Verbe, était vie en lui ? Signifient-elles qu'il était la vie pour lui et pour les autres, ou qu'il ne l'était que pour les autres? et s'il ne l'était que pour les autres, quels sont ces autres? Le Verbe est à la fois vie et lumière. Or, il est la lumière des hommes, il est donc aussi la vie de ceux dont il est la lumière, et ainsi lorsque l'Évangéliste dit qu'il est la vie, ce n'est point pour lui, mais pour ceux dont il est la lumière. Cette vie est inséparable du Verbe de Dieu, et elle existe par lui, aussitôt qu'elle a été faite, il faut, en effet, que la raison ou le Verbe soit comme préexistant dans l'âme pour la purifier, et lui donner une pureté exempte de tout péché, afin que la vie puisse s'introduire et se répandre dans celui qui s'est rendu capable de recevoir le Verbe de Dieu. Aussi l'Évangéliste ne dit pas que le Verbe a été fait au commencement; car on ne peut supposer de commencement où le Verbe de Dieu n'existât point, mais la vie des hommes n'était pas toujours dans le Verbe; cette vie des hommes a été faite, parce que cette vie était la lumière des hommes. En effet, avant que l'homme existât, il n'était pas la lumière des hommes, cette lumière ne pouvant se comprendre que dans ses rapports avec les hommes. C'est pourquoi saint Jean dit: Ce qui a été fait était vie dans le Verbe, et non pas: Ce qui était dans le Verbe était vie. D'après une autre variante qui n'est pas dénuée de fondement, on lit: Ce qui a été fait en lui, était vie. Or, si nous comprenons que la vie des hommes qui est dans le Verbe, est celle dont il a dit: Je suis la vie, (Jn 11,14) nous en conclurons qu'aucun de ceux qui refusent de croire à Jésus-Christ n'a la vie en lui, et que tous ceux qui ne vivent pas en Dieu sont morts.


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)