Lecture d'un commentaire (14809)


Lc 23,33

Commentaire: Ce n'est point sa propre mort que le Sauveur est venu détruire (puisque étant vie il ne pouvait être soumis à mort), mais il est venu détruire mort à quel homme était condamné; aussi séparation de son âme d'avec son corps a été effet, non d'une mort qui lui fut propre, mais du supplice cruel que s hommes lui ont fait souffrir. Si son corps eût été en proie aux madies, et qu'on eût vu se dissoudre et se détruire comme dans s autres hommes, on eût, trouvé étrange que celui qui guérissait s infirmités des autres, ne pût en garantir son propre corps. Si au contraire il eût quitté secrètement son corps sans être atteint d'aucune madie, et eût fait venir ensuite de nouveau, on n'eût pas voulu croire aux preuves de sa résurrection, car résurrection doit nécessairement être précédée de mort. Pourquoi d'ailurs prêcher publiquement sa résurrection, après qu'il aurait tenu sa mort secrète? Si s circonstances de sa passion s'étaient passées dans ombre, que de calomnies incrédulité n'eût-el pas inventées? Comment aurait-on pu savoir victoire de Jésus-Christ sur mort, s'il ne avait soufferte au grand jour, et s'il n'eût ainsi rendu publique sa défaite par incorruptibilité de son corps? Mais, me direz-vous, il aurait dû au moins trouver une mort glorieuse pour échapper aux ignominies de croix. S'il eût agi ainsi, il aurait excité s justes soupçons que sa puissance ne s'étendait pas sur toute espèce de mort. De même donc qu'un athlète qui terrasse adversaire que lui oppose son ennemi, fait ressortir supériorité incontestab de sa force sur tous s autres; ainsi celui qui est vie de tous s hommes, a voulu souffrir mort ignominieuse de croix, que ses ennemis lui ont fait souffrir comme plus cruel et plus infâme, pour détruire complètement, par triomphe de sa résurrection empire universel de mort. On ne lui coupe point tête comme à Jn-Baptiste, son corps n'est pas scié comme celui d'Is, mais il veut que ce corps reste entier et indivisib jusque dans mort, pour ne point donner un prétexte à ceux qui voudraient un jour mettre division dans Église. Il vouit encore porter malédiction que nos péchés avaient attirée sur nous, en subissant une mort qui était maudite, mort de croix, selon cette paro: «Maudit de Dieu est homme qui est suspendu au bois». ( Dt 21, 23) Il meurt aussi les bras étendus sur la croix, pour attirer d'une main le peuple ancien, et de l'autre le peuple des Gentils, et ne plus faire des deux qu'un seul peuple. Il meurt encore sur la croix pour purifier l'air souillé par la présence des démons, et nous ouvrir la voie qui conduit au ciel.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)