Lecture d'un commentaire (14536)


Lc 21,34

Commentaire: Tous les animaux ont reçu de Dieu un mystérieux instinct qui leur fait pourvoir à leur propre conservation. Or, le Sauveur nous donne cet avertissement pour que nous fassions ici par raison et par prudence ce qui est chez les animaux l'effet de l'instinct naturel. Nous devons donc fuir le péché, comme les animaux sans raison évitent les aliments qui leur seraient mortels, et rechercher la justice comme ils recherchent les plantes pleines pour eux d'un suc nutritif. C'est donc pour nous faire discerner ce qui est salutaire de ce qui est nuisible, que Notre-Seigneur nous dit: «Prenez garde à vous». Mais il y a deux manières de prendre garde ou de veiller, l'une extérieure par les yeux du corps, l'autre intérieure par l'attention de l'esprit; or, l'oeil du corps ne peut conduire à la vertu, c'est donc un acte de l'esprit que Notre-Seigneur nous conseille, lorsqu'il nous dit: «Prenez garde à vous», etc; c'est-à-dire, soyez pleins de circonspection, et que la lumière de votre âme veille sans cesse sur vous pour vous garder de tout danger. il ne nous dit pas: Veillez sur ce qui est à vous ou sur les choses, qui vous entourent, mais: «Veillez sur vous». Ce qui est vous, c'est votre intelligence et votre âme, ce qui est à vous, c'est votre corps et vos sens, ce qui est autour de vous, ce sont vos biens, votre industrie et tous les autres soutiens de votre vie. Or, ce n'est point à toutes ces choses que doit s'étendre votre vigilance, c'est votre âme qui doit être l'objet principal de vos soins. Ce même avertissement guérit à la fois les malades et donne une santé, parfaite à ceux qui sont déjà guéris; il nous fait conserver le présent et pourvoir à l'avenir, il nous détourne de la censure du prochain pour reporter toute notre attention sur nos propres actions, il ne permet pas que notre esprit devienne l'esclave de ses passions, et soumet le corps et les sens dépourvus de raison à l'âme spirituelle et raisonnable. Mais pour quel motif devons nous veiller? Le voici: «De peur que vos coeurs ne s'appesantissent», etc.


Source: Saint Basile (Peronne-Vivès 1868)