Lecture d'un commentaire (1447)


2P 1,1

Commentaire: Cette “seconde lettre de Pierre”, tout comme la première, ne nomme pas ses destinataires ; elle se veut, semble-t-il, un avertissement destiné à toutes les Églises. C’est une lettre apparemment très tardive. L’auteur veut se faire passer pour Syméon (ou Simon) Pierre, mais son insistance même le trahit (2Pierre 1.1 ; 1.18 ; 3.1 ; 1.14 ; 3.15) et l’examen de la lettre oblige à dire qu’elle a été écrite après sa mort. Nous avons pourtant deux raisons d’être prudents sur ce point de son authenticité. D’une part, la première et la seconde lettre ont en commun bien des mots qui ne se lisent presque jamais ailleurs dans le Nouveau Testament. D’autre part, il n’y a pas de raison sérieuse pour nier que Pierre soit l’auteur de la première lettre qui porte son nom, bien qu’il dise aux derniers versets qu’elle a été rédigée par Sylvain, un personnage-clé de l’Église de Jérusalem (Actes 15.32) qui écrivait en excellent grec. Il est donc certain que le rôle même important d’un auteur inconnu de cette seconde lettre ne l’empêche pas de nous transmettre des échos de l’esprit et de la prédication de Pierre. Cependant, si l’on veut comprendre les raisons de cette lettre, le ton des avertissements et les arguments auxquels elle recourt, il faut bien davantage la rapprocher de la lettre de Jude. Ces deux épîtres dénoncent un mal que déjà craignait Paul : les abus de la liberté chrétienne (Galates 5.13). Même si les chrétiens ont été très vite l’objet de toutes les diffamations imaginables, ces attaques trouvaient quelque prétexte dans la conduite de certaines personnes qui trouvaient dans l’appel chrétien à la liberté une justification de leur propre absence de principes moraux. L’épicurisme, une doctrine centrée sur la recherche des plus hauts plaisirs, pouvait inciter les caractères nobles à des choix très honorables, mais pour un grand nombre, c’était le libre cours donné aux instincts. La lettre de Jude mettait fortement en garde les communautés chrétiennes contre ces déviations ; la Seconde de Pierre reprend les termes de cette lettre, ses arguments, les exemples tirés de l’Écriture, mais elle les adapte à un milieu différent, non plus des chrétiens d’origine juive, mais des grecs convertis. En même temps, l’auteur l’a développée et il a montré clairement les trois points principaux sur lesquels il fallait se montrer très ferme à l’égard de ce matérialisme prétendument philosophique. Les trois chapitres de la lettre développent ces trois points ; il faut : — préserver la foi telle que les témoins de Jésus l’ont enseignée ; — combattre les maîtres qui déforment la foi en même temps qu’ils conduisent à l’immoralité ; — maintenir chez les croyants l’attente de la venue du Christ, même si on ignore quels en seront les délais. Cette lettre semble avoir été écrite après la mort des apôtres (3.4), lorsque déjà l’on avait une collection des lettres de Paul (3.15-16). Mieux encore, les termes du paragraphe 1.14-18 suggèrent de façon très forte qu’il n’est pas de Pierre mais que le rédacteur essaye de se faire passer pour Pierre. Ces doutes n’empêchent pas que la lettre a été reconnue par l’Église, une Église très scrupuleuse sur l’origine des lettres apostoliques et qu’elle apporte des affirmations définitives sur plusieurs poins fondamentaux de la foi.


Source: Bible des peuples