Lecture d'un commentaire (14066)


Lc 17,11

Commentaire: Dans le sens figuré les lépreux représentent ceux qui, n'ayant point la science de la vraie foi, professent les doctrines si variées de l'erreur. Loin de cacher leur ignorance, ils la font paraître au grand jour comme une souveraine habileté, et la font valoir dans des discours pleins d'ostentation. La lèpre vicie et altère la couleur du corps; or, ce mélange incohérent de vérités et d'erreurs qui se produit dans une seule discussion, dans un seul et même discours, comme dans la couleur extérieure d'un seul et même corps, figure la lèpre qui altère et flétrit le corps de l'homme par les nuances vraies et fausses de ses diverses couleurs. L'Église doit éviter la société de tels hommes, qui doivent être tenus au loin, et invoquer de là le Sauveur à grands cris. Le nom de Maître (cf. Mt 8,2 Mc 1 Lc 5,12 ), qu'ils lui donnent, me paraît indiquer que lèpre est figure des fausses doctrines qu'il n'appartient qu'au bon Maître de faire disparaître. À exception de ces lépreux, nous ne voyons pas que Notre-Seigneur ait envoyé vers s prêtres aucun de ceux auxquels il avait rendu santé du corps. sacerdoce des Juifs a été figure du sacerdoce qui est dans Église; Seigneur guérit et corrige par lui-même tous s autres vices dans intérieur de conscience: mais pouvoir d'instruire et de sanctifier s âmes par administration des sacrements et d'enseigner par prédication extérieure a été donné à Église. «Pendant qu'ils y alient, ils furent guéris»; en effet s Gentils que Pierre vint trouver, avant d'avoir reçu sacrement de baptême, qui nous fait parvenir spirituelment jusqu'aux prêtres, furent manifestement purifiés par effusion de Esprit saint. Tout fidè donc qui dans société de Église possède doctrine de foi dans sa vérité et dans son intégrité, et qui n'a pas été souillé par s taches si variées de erreur comme par une lèpre, et qui par un sentiment d'ingratitude pour Dieu qui a purifié ne se prosterne pas humbment à ses pieds, est sembb à ceux dont par apôtre saint Paul: «Qui ayant connu Dieu, ne ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces». Ils sont au nombre de neuf, signe qu'ils resteront dans ur imperfection, car nombre neuf a besoin d'un pour former une espèce d'unité qui est nombre dix. Au contraire celui qui vient rendre grâces, reçoit des éloges parce qu'il est figure de Église qui est une. Quant aux neuf qui étaient Juifs, Notre-Seigneur décre qu'ils ont perdu par ur orgueil royaume des cieux, où règne plus parfaite unité; tandis que ce Samaritain qui veut dire gardien, rendant grâces à Dieu de ce qu'il avait reçu selon ces paros du Psalmiste: «C'est en vous que je conserverai ma force», ( Ps 58 ) a gardé l'unité du royaume par son humble reconnaissance.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)