Lecture d'un commentaire (13731)


Lc 14,15

Commentaire: Au défaut des orgueilleux qui refusent de venir, les pauvres sont choisis; le texte sacré dit les infirmes et les pauvres qui sont infirmes à leurs yeux, car il y a des pauvres que l'on peut regarder comme forts, ce sont ceux qui sont orgueilleux jusqu'au sein de la pauvreté; les aveugles sont ceux qui n'ont aucune lumière dans l'esprit; les boiteux, ceux qui manquent de droiture dans leurs actions. Or, comme les infirmités corporelles de ces derniers sont la figure de leurs vices intérieurs, il s'ensuit que ceux qui ont été invités et ont refusé de venir, et ceux qui ont répondu à l'invitation étaient pécheurs les uns comme les autres; mais les premiers ont été rejetés comme des pécheurs orgueilleux, tandis que les seconds ont été choisis, parce qu'ils étaient humbles: Dieu choisit donc ceux que le monde méprise, car la plupart du temps, le mépris des hommes fait rentrer en soi-même, et on écoute avec d'autant plus de docilité la voix de Dieu, que le monde offre moins d'attraits. Dieu appelle donc à son festin ceux qui sont dans les rues et les places publiques, ils sont la figure de ce peuple qui tenait à honneur d'être fidèle à l'observation de la loi, mais la multitude du peuple d'Israël, qui a embrassé la foi, n'a pu remplir la salle du festin des cieux. Aussi écoutez la suite: «Et le serviteur dit à son maître: Il a été fait comme vous avez commandé; et il y a encore de la place», etc. Les Juifs sont en effet entrés en grand nombre, mais il y a encore de la place dans le royaume pour recevoir la multitude innombrable des Gentils. C'est pourquoi «le maître dit au serviteur: Allez dans les chemins et le long des haies, et contraignez-les d'entrer». Ces convives qu'il envoie chercher dans les chemins et le long des haies, c'est un peuple encore barbare et grossier, c'est-à-dire, le peuple des Gentils.


Source: Saint Grégoire le Grand (Peronne-Vivès 1868)