Lecture d'un commentaire (13337)


Lc 11,37

Commentaire: Mais si l'on ne peut être purifié de ses péchés, qu'en croyant en celui qui purifie le coeur par la foi, pourquoi nous dit-il: «Faites l'aumône, et tout sera pur pour vous ?» Examinons attentivement l'explication qu'il nous donne lui-même de cette difficulté. Les pharisiens prélevaient la dixième partie de tous leurs fruits, pour en faire l'aumône, ce que ne font pas ordinairement les chrétiens; et ils se riaient des reproches q ue leur adressait le Sauveur, comme s'ils négligeaient le devoir de l'aumône. Jésus, connaissant leurs dispositions, ajoute: «Malheur à vous, pharisiens, qui payez la dîme de la menthe, de la rue, et de toutes les herbes, et qui négligez la justice et l'amour de Dieu ! Il fallait faire ces choses, et ne pas omettre les autres». En agissant de la sorte, vous ne faites pas l'aumône; car faire l'aumône, c'est pratiquer la miséricorde, si donc vous comprenez bien cette vérité, commencez par vous-même; car comment serez-vous miséricordieux pour les autres, si vous êtes cruel pour vous-même? Écoutez la sainte Écriture qui vous dit: «Ayez pitié de votre âme, en cherchant à plaire à Dieu». ( Si 30, 24). Rentrez dans votre conscience, vous qui vivez dans le vice ou dans l'infidélité, et vous y trouverez votre âme réduite à la mendicité, ou peut-être réduite au silence par son indigence même. Donnez donc l'aumône à votre âme en toute justice et en toute charité. Qu'est-ce que vous commande la justice? De vous déplaire à vous-même. Comment remplir le devoir de la charité? Aimez Dieu, aimez le prochain. Si vous négligez de faire cette aumône, quel que soit d'ailleurs votre amour, vous ne faites rien, puisque vous ne faites rien pour vous-même.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)