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1Tm 2,5

Commentaire:

LE MÉDIATEUR UNIQUE

Dieu est unique, unique aussi le Médiateur. Dans l’Introduction à Jonas nous disons quelques mots sur la crise de la foi qui s’est annoncée quand on a cessé de penser que seuls les baptisés seraient sauvés. On est passé en catastrophe de cette assurance “sectaire” à un libéralisme très étranger à la Bible, et certains affirment sans nuances ni explications, que la foi chrétienne n’est qu’un des chemins de salut et que le Christ n’est médiateur et Sauveur que pour ceux qui croient en lui.
Le texte de 1Timothée 2.5 oblige à préciser trois points.
1. Le salut que nous proclamons est beaucoup plus qu’un pardon des péchés comme serait une dette payée par le Christ, ou un châtiment qu’il aurait pris sur lui. Le salut, c’est le retour de l’univers à Dieu ; c’est le redressement et l’achèvement de l’histoire humaine de telle façon qu’on puisse y voir le déploiement de la sagesse et de l’amour divins. Il faut que cette histoire universelle, écrite dans le temps, là où tout est contradiction, puisse prendre place un jour dans la réalité éternelle, là où tout devient un. Si nous avons compris cette perspective qui inspire les épîtres aux Éphésiens, et aux Colossiens, nous n’aurons pas de peine à affirmer que le Christ, Verbe éternel de Dieu, est le médiateur unique : il sera, et il Est dans l’éternité, celui qui rassemble en lui la race des enfants de Dieu, et avec eux, toute la création.
2. Il n’est pas question de nier la valeur du sacrifice volontaire de Jésus, sacrifice parfait qui nous obtient le pardon des péchés. La Lettre aux Hébreux développe cette perspective, mais elle ne prétend pas tout dire : elle est d’abord une réponse aux doutes de croyants dont toute l’éducation religieuse s’était faite autour du Temple. Elle ne s’intéresse pas à la question qui aujourd’hui nous préoccupe : comment Dieu sauve-t-il les non chrétiens ? Les non chrétiens sont pécheurs, tout comme nous. Pourtant le péché des chrétiens est différent, parce qu’il n’est pas simplement une faute. Parce que nous avons été appelés et choisis pour le Christ, et parce que nous sommes entrés dans une relation d’amour mutuel avec Dieu, le péché a toujours un goût de trahison, ou d’indifférence, ou de mépris et de blessure infligée. Le peuple chrétien a donc besoin d’un pardon très spécial et d’un intercesseur particulier. Mais les fautes des non chrétiens appelaient aussi un médiateur. Le sacrifice du Christ était nécessaire pour implanter la sainteté divine et la surabondance de l’amour dans une humanité aliénée depuis les origines.
3. Si nous affirmons que Dieu a prévu et voulu divers chemins de salut, nous n’avons pas à nier pour autant le rôle universel du Christ. Prenant acte de la condition humaine, Dieu a exprimé sa sagesse et son amour dans une histoire où tous n’ont pas la même vocation. Les uns vont au Dieu unique, mystérieux, inconnaissable, sans connaître la révélation ni l’unique Médiateur, et les autres, un peuple de Dieu minoritaire dans le monde, choisi par grâce pour recevoir les paroles de Dieu, vit une autre histoire qui doit être le ferment de la première. (Voir la note sur le Dieu des chemins multiples à la fin du livre). Il reste cependant que pour tous à la fin Jésus est celui en qui et grâce à qui ils atteindront leur place dans l’unique Adam, celui de l’éternité.


Source: Bible des peuples