Lecture d'un commentaire (1319)


1Tm 1,1

Commentaire:

Introduction aux Lettres Pastorales

Les Lettres à Timothée et à Tite forment un ensemble bien particulier parmi les lettres attribuées à Paul. Elles ne figuraient pas dans la collection la plus ancienne qui rassemblait les sept premières, de Romains à Thessaloniciens et qui doit être postérieure de peu à la mort de Paul (64 ou 65), mais elles sont citées et attribuées à Paul dès le milieu du second siècle, et l’on peut supposer qu’elles étaient reçues depuis plusieurs dizaines d’années. Ces lettres s’adressent à des collaborateurs de Paul, alors que les précédentes s’adressaient à des communautés. La différence est moindre qu’il ne paraît car, selon toute probabilité, elles ont été écrites avant tout à l’usage des communautés que ces “pasteurs” avaient à leur charge. Authenticité des Lettres Pastorales Depuis un siècle, le contenu de ces lettres n’a pas manqué d’alimenter les discussions sur leur authenticité paulinienne. Certains mettent en relief les paragraphes qui permettent de les comparer avec les lettres antérieures de Paul. Par contre, celui qui refuse l’authenticité aura beau jeu de dire qu’un imitateur s’est inspiré de passages des lettres authentiques pour accréditer l’origine paulinienne de son écrit. Ici pourtant, dans plusieurs cas, la falsification est difficile à admettre. Les contacts avec la lettre aux Romains, écrite peu avant la lettre à Tite, et avec la lettre aux Colossiens, sont à la fois réels et discrets. Il est pourtant facile de sentir que le vocabulaire de ces lettres est assez différent de celui des autres lettres de Paul. En bien des fois, les mots nouveaux ne font que souligner chez l’auteur un tempérament très différent, et le lecteur se sent fortement incliné à y reconnaître la plume d’un autre que Paul. Quand on a lu les arguments pour et contre l’authenticité de ces lettres, il est difficile de se prononcer, mais si l’on croit au souci qu’avaient les Églises de préserver la tradition et la littérature apostoliques, le préjugé reste en faveur de Paul. Maintenir l’authenticité ne signifie pas qu’on ignore les difficultés tirées du vocabulaire et du contenu de ces lettres. Si Paul les a signées et en partie dictées, le secrétaire a dû jouer un rôle important dans leur rédaction. Le climat de ces lettres suggère qu’elles sont écrites dans un temps où il n’y avait pas de persécution. Il faut donc choisir : ou bien avant l’an 64, ou bien après les années 80. Il est évident que dans le second cas, ces lettres ne seraient pas de Paul. Dans ces conditions, la lettre à Tite et la Première à Timothée peuvent se situer dans les mois qui précèdent la rencontre de Milet (Actes 20) ou dans les semaines qui suivent, probablement, en l’an 58. La Seconde à Timothée serait de la fin de la même année, lorsque Paul, à Césarée, attendait le premier hiver de sa captivité (2Timothée 4.13). Le nouveau climat de la rencontre de Milet Cette rencontre que Luc rapporte en Actes 20.17-36 marque une étape importante, non seulement dans la vie de Paul, mais aussi dans l’évolution de ses communautés. Pour les Églises de la province romaine d’Asie (Éphèse), de Macédoine (Philippes et Thessalonique) et d’Achaïe (Athènes et Corinthe), cette assemblée signifiait l’accession à leur majorité. Très vite elles avaient eu leurs propres ministres, mais le lien de dépendance entre la communauté et le missionnaire qui avait apporté la foi n’était pas encore rompu. Dans le discours de Milet Paul dit : Maintenant, c’est à vous de vous prendre en charge. Les lettres pastorales vont développer de façon particulière deux points de ce discours. Les communautés ont grandi, et il faut des responsables qui le soient ; les assemblées devront être capables de monnayer un enseignement adapté aux nécessités de chacun, grand ou petit. On continue d’attendre le retour du Christ, mais on sait que rien ne dure autant que le provisoire et il s’agit déjà moins d’annoncer l’Évangile que de donner l’exemple d’une vie renouvelée, utile et capable d’inspirer les conversions. Les assemblées chrétiennes seront les lieux où se précise un style de vie chrétienne adapté à une société déterminée, mais sans oublier qu’il doit en être le levain. Garder et transmettre la Tradition Lorsque les Pastorales sont écrites, les apôtres ont pris de l’âge, et l’arrestation de Paul à Jérusalem va sonner comme un signal d’alarme. Il fallait assurer une continuité entre les apôtres et les ministres des générations suivantes, ce qu’on appelle la “succession apostolique”, mais il était nécessaire que l’Église sache s’opposer à toute innovation dans le domaine de la foi. On ne pourra que transmettre le “dépôt”, c’est-à-dire le témoignage des apôtres (1Timothée 6.20 ; 2Timothée 1.14 et 3.14). Quant aux mises en garde contre les déviations de la foi, elles visent, non pas des hérésies bien définies, mais des spéculations qui fourmillent un peu partout et qui se greffent aussi bien sur la foi chrétienne que sur la religion juive ou sur les autres courants de pensée. Quelques dizaines d’années plus tard elles prendront forme et ce seront les “Gnoses”. Introduction à la première lettre à Timothée Vaut pour cette lettre tout ce qu’on vient de dire sur les lettres Pastorales. Le choix des ministres des communautés, ainsi que leurs devoirs y occupent une place importante aux chapitres 3 et 5. L’organisation de l’Église s’appuie alors sur deux types de ministères. Le premier, dont Timothée et Tite sont les exemples, prolonge la mission des apôtres et jouit de l’autorité apostolique. Les autres restent liés à la communauté qui les a présentés pour exercer leur charge (voir Actes 6.1-6 et 1Timothée 5.22). Qu’ils soient appelés épiscopes (superviseurs), presbytres (anciens), ou diacres (chargés de service), ces ministres qui président les assemblées et l’eucharistie, continuent d’appartenir à leur famille et à la communauté. Il nous faudra faire un effort pour comprendre cette complémentarité, compte tenu de l’évolution de l’Église latine qui a unifié en quelques siècles ces ministères si différents dans le cadre d’un clergé hiérarchisé. Nous avons ici la première forme de l’organisation de l’Église, celle qui a eu droit au sceau de l’inspiration divine Voir à ce sujet les notes en fin de livres de Nombres 4.1 ; Actes 20.17 ; et Hébreux 9.1. Le choix des responsables des Églises n’est pas le seul objet de cette lettre. Tout au long de ces pages on lira des orientations pour la vie de communautés chrétiennes qui doivent apprendre à persévérer ; elles insistent aussi sur la fidélité à la tradition des apôtres. On lira au chapitre 2 des directives pour l’assemblée chrétienne dont certaines sont trop liées à la société de ce temps pour être appliquées aujourd’hui telles quelles. Il faudra donc les repenser si l’on veut qu’elles soient une Parole de Dieu pour aujourd’hui.


Source: Bible des peuples