Lecture d'un commentaire (13104)


Lc 10,25

Commentaire: Si on nous demande comment on peut obtenir l'amour de Dieu, nous répondrons que l'amour de Dieu ne peut s'apprendre. Nous n'avons appris ni à nous réjouir de la présence de la lumière, ni à aimer la vie, nos parents, ou ceux qui nous ont nourris; à plus forte raison l'amour de Dieu ne peut être l'objet d'un enseignement extérieur. Mais il y a en nous un sentiment intime déposé comme une semence au dedans de nous, et qui, par des motifs qui lui sont propres, nous porte à nous attacher à Dieu. Les enseignements des divins préceptes s'emparaient ensuite de ce sentiment, pour le cultiver, le développer et le conduire à la perfection. En effet, nous aimons naturellement tout ce qui est bon; nous aimons aussi nos parents, nos proches, et nous accordons spontanément toute notre affection à ceux qui nous font du bien. Si donc Dieu est bon, et si tous aiment naturellement ce qui est bon, nous pouvons donc dire que tous aiment Dieu. Le bien que nous faisons volontairement se trouve naturellement en nous, à moins que nos pensées n'aient été corrompues par le vice. Quand même nous ne connaîtrions pas Dieu par les effets de sa bonté, nous devrions l'aimer sans mesure par le sentiment qu'il nous a tirés du néant et qu'il est notre Créateur. D'ailleurs, qui nous a comblés de plus de bienfaits, parmi ceux qui ont un droit naturel à notre amour? Le premier et le plus grand commandement, c'est celui de l'amour de Dieu. Le second, qui complète le premier, lequel est aussi son complément, c'est le commandement de l'amour du prochain: «Et votre prochain comme vous-mêmes». C'est Dieu qui nous rend facile l'accomplissement de ce précepte. Qui ne sait que l'homme est un être doux et sociable, et qui n'est point né pour vivre dans la solitude au milieu des bois? En effet, la première inclination de notre nature, c'est d'entrer en relations avec nos semblables, d'avoir recours les uns aux autres, et d'aimer ceux qui ont avec nous une même nature. Le Seigneur ne fait donc ici que nous demander les fruits des semences qu'il a déposées lui-même au dedans de nous.


Source: Saint Basile (Peronne-Vivès 1868)