Lecture d'un commentaire (12791)
Lc 8,49
Commentaire: Il ne prit point avec lui les autres disciples, pour stimuler leurs désirs, et aussi parce que leurs dispositions n'étaient pas assez parfaites. Il choisit Pierre et les fils de Zébédée, pour exciter les autres à les imiter. Il prend aussi comme témoins les parents de la jeune fille, afin que personne ne pût s'inscrire en faux contre les preuves de cette résurrection. Remarquez encore qu'il fit retirer tous ceux qui pleuraient, et qu'il juge indignes de voir ce miracle: «Or, tous pleuraient et se lamentaient sur elle». Si le Sauveur bannit alors les pleurs et les larmes, à plus forte raison, devons-nous maintenant imiter cet exemple? Car on ne comprenait pas aussi clairement alors que la mort ne fût qu'un sommeil pour le chrétien. Que personne donc ne s'abandonne à une douleur exagérée, et ne fasse ainsi injure à la victoire que Jésus-Christ a remportée sur la mort, qui n'est plus maintenant qu'un simple sommeil, comme Notre-Seigneur l'établit, en ajoutant: «Ne pleurez pas, elle n'est, pas morte, mais elle dort».Il montre ainsi que toutes choses lui sont faciles, et qu'il peut aussi facilement la rappeler à la vie que la réveiller de son sommeil: «Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu'elle était morte». Le Sauveur ne leur fait aucun reproche, il n'arrête pas leurs dérisions qui seront une preuve évidente de la mort de cette jeune fille. Comme la plupart du temps, les hommes, malgré les miracles dont ils sont témoins, persévèrent dans leur incrédulité, il veut les convaincre d'avance par leurs propres paroles, et pour les disposer à croire à la résurrection par le spectacle qu'ils avaient sous les yeux, il prend la main de la jeune fille: «Alors prenant sa main, il dit à haute voix: Jeun e fille, levez-vous». Et dès qu'il eut pris sa main, elle fut ressuscitée: «Et son âme revint dans son corps, et elle se leva à l'instant». En effet, le Sauveur ne lui donne pas une âme différente de la sienne, mais il lui rend la même qu'elle avait perdue avec le dernier soupir. Non seulement il ressuscite cette jeune fille, mais il veut qu'on lui donne à manger: «Et Jésus commanda de lui donner à manger», preuve évidente que cette résurrection n'était pas imaginaire. Et il ne veut pas lui donner à manger lui-même, il la fait servir par d'autres; il agit de même dans la résurrection de Lazare, il dit à ses disciples: «Déliez-le», et l'admet ensuite à sa table.
Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)