Lecture d'un commentaire (12432)


Lc 6,32

Commentaire: Dans la langue grecque, ce genre d'avarice est justement appelé t üïò, enfantement, a cause de sa malheureuse et coupable fécondité. En effet, ce n'est qu'avec le temps que les animaux grandissent et se reproduisent, mais à peine l'usure a pris naissance, qu'elle devient féconde. Les animaux les plus précoces à se reproduire, cessent aussi plutôt d'engendrer; mais l'argent des avares ne fait que se multiplier d'années en années. Les animaux, en transmettant à leurs petits la faculté d'engendrer, cessent eux-mêmes d'engendrer, mais l'argent des avares produit continuellement de nouveaux fruits, et renouvelle les premiers. Ne vous exposez donc point aux mortelles atteintes de ce monstre cruel. Que vous servirait-il, en effet, d'éviter l'indigence actuelle, si elle doit revenir bientôt fondre sur vous, plus grande et plus écrasante? Demandez-vous comment vous pourrez rendre ce que vous empruntez; comment l'argent pourra se multiplier assez dans vos mains, pour qu'une partie vous soulage de votre indigence, qu'une autre représente et conserve le capital, et qu'une troisième produise l'intérêt. Mais me direz-vous, comment faire pour vivre? Travaillez, mettez-vous en service, mendiez enfin s'il le faut, tout est préférable à un emprunt usuraire. Vous me direz encore: Qu'est-ce que le prêt sans espérance d'intérêt? Méditez la vertu de la parole divine, et vous admirerez la miséricorde de son auteur. Lorsque vous donnez au pauvre pour l'amour de Dieu, vous faites à la fois un prêt et un don; un don, car vous n'espérez point d'intérêt; un prêt, parce que la bonté de Dieu se charge de vous rendre ce que vous donnez au pauvre, comme le Sauveur vous en assure: «Car votre récompense sera grande». Est-ce que vous refuseriez d'avoir le Tout-Puissant pour caution et pour débiteur? Quoi ! vous acceptez la caution d'un homme riche, et vous refuseriez la caution que Dieu vous donne pour le pauvre?


Source: Saint Basile (Peronne-Vivès 1868)