Lecture d'un commentaire (12425)


Lc 6,27

Commentaire: Ceux qui blessent ainsi leur âme sont bien plus dignes de larmes amères que de malédictions; quoi de plus détestable, en effet, qu'une âme d'où sortent les malédictions, quoi de plus immonde que la langue qui les profère? O homme, ne distillez pas ainsi le venin de l'aspic, ne vous changez pas en bête féroce; Dieu vous a donné la bouche, non pour déchirer, mais pour guérir les plaies de vos frères; et quant à vos ennemis, il vous ordonne de les mettre au rang de vos amis, et de vos amis les plus chers, de ceux pour lesquels vous avez coutume de prier: «Priez pour ceux qui vous persécutent», etc. Mais, au contraire, la plupart de ceux qui se prosternent la face contre terre, les mains étendues, au lieu de supplier Dieu de leur pardonner leurs crimes, l'implorent contre leurs ennemis, c'est-à-dire qu'ils se percent de leurs propres mains. Quoi, vous priez celui qui a défendu les imprécations contre les ennemis, d'écouter les malédictions que vous proférez contre eux, et vous espérez d'être exaucés, vous qui provoquez sa juste colère, en frappant votre ennemi devant son roi? car vous le frappez réellement, sinon avec la main, au moins par vos paroles. Que faites-vous donc, ô homme? Vous venez implorer le pardon de vos péchés, et votre bouche est remplie d'amertume, ah ! croyez-moi, c'est le temps de la pacification, de la prière, des gémissements, et non celui de la fureur.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)