Lecture d'un commentaire (1233)


1S 1,1

Commentaire: Nous avons ici l’une des pages de la Bible — elles ne sont pas très nombreuses — qui nous font entrer dans la vie d’une famille ordinaire. C’est la vie et c’est le chemin ordinaire de l’immense majorité des humains, pour qui tout ce que nous disons de la religion et de la spiritualité, toutes nos discussions théologiques et nos querelles d’Église ne sont que fioritures réservées à des spécialistes. Ils n’en sont pas moins aimés, et Dieu sait leur faire comprendre ce qu’il attend d’eux. Le problème des deux femmes a sans doute gâché les plus belles années de leur vie bien qu’Elkana ait fait son possible pour sauvegarder la paix familiale. Anne comprend qu’elle n’aura un fils que si elle accepte de le donner. L’enfant qui lui est accordé est peut-être la seule réponse qu’elle ait reçue de Dieu de toute sa vie, et c’est sur ce seul témoignage que s’appuiera son orgueil de Dieu (2.2-9). Comment n’aurions-nous pas honte d’en être si souvent à quémander des signes ! Qu’avait-elle reçu de la révélation de Dieu ? La foi en l’Unique ? La certitude qu’il est juste et qu’il a toujours le dernier mot ? Sans doute étaient-ce là les retombées de l’alliance du Sinaï sur le peuple israélite le moins instruit. Mais les prêtres, une fois de plus, n’ont pas le beau rôle, ils sont plutôt le scandale qu’il faut surmonter pour s’affermir dans la foi. Ce sont là les chemins mystérieux de Dieu et c’est par eux que les humbles atteindront sa Gloire, qu’ils aient ou non engendré un Samuel. La tristesse d’Anne, c’est la tristesse d’un peuple qui vit de petites choses dans un temps sans gloire, soutenu par une foi qui ne cherche guère. Souffrances dans les petites choses, envie, rivalités, infirmités, tout ce qui n’a pas de sens aussi longtemps que le salut de Dieu ne s’est pas manifesté. Pour ce peuple l’aurore du salut sera l’apparition et la parole d’un prophète.


Source: Bible des peuples