Lecture d'un commentaire (1167)


1R 8,22

Commentaire: Yahvé a tenu sa promesse (20 et 25). Dieu avait fait deux promesses à David : son fils construirait le Temple, et ses descendants conserveraient le trône d’Israël. Nous voyons que Dieu, le Dieu invisible et créateur de l’univers, veut d’une certaine manière être présent quelque part, à Jérusalem, et parmi un certain peuple, celui de David. Aujourd’hui de même, l’Église, corps du Christ, est le signe visible de la présence divine (Matthieu 5.15 ; 13.32). Bien que le Royaume de Dieu soit universel, cette Église qui est mystérieusement corps du Christ (Colossiens 1.15-18) garde aussi des liens visibles avec lui, grâce à la continuité des successeurs de ses apôtres à travers le temps. Cette prière de Salomon, rédigée probablement par un prophète de l’époque royale, souligne l’importance et la relativité du Temple. C’est là que réside le “Nom” de Dieu, c’est là que Dieu écoutera la prière de son peuple (8.30-53), et à ce titre, le Temple est le Lieu Saint que l’homme ne saurait profaner sans pécher gravement (Jérémie 7). Cependant ce Temple construit de mains d’homme ne “saurait enfermer Dieu et sa Gloire”. “Les cieux invisibles ne peuvent le contenir”, à plus forte raison cette demeure terrestre. Cette vision du Temple sera sans cesse présente dans l’enseignement des prophètes : si grand soit-il, le Temple ne sera jamais un porte-bonheur magique pour Israël. Il est le signe et le rappel incessant de la présence et de la sainteté de Dieu. Peu à peu, à cause de cela même, toute la théologie d’Israël se centrera sur ce Temple : la terre et les cieux sont à Dieu, mais, sur cette terre, un pays lui appartient de façon toute particulière : c’est la Terre de la Promesse. Sur cette Terre Promise, toutes les villes sont à lui ; mais l’une d’entre elles lui est spécialement chère. Et dans cette ville, au cœur de cette ville, se trouve la montagne sainte sur laquelle est édifiée la demeure de Yahvé. Ainsi le Temple est comme le pivot sur lequel s’articule l’ensemble de l’univers ; on comprend dès lors comment sa destruction en 587 fut pour la foi d’Israël une épreuve inimaginable : avec le Temple et Jérusalem, l’univers perdait son centre, son point d’équilibre. Si l’univers s’était ainsi peu à peu concentré, ramassé autour du Temple, avec le Nouveau Testament au contraire le Christ, Nouveau Temple, devient le point de départ du rayonnement du salut : “Vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre”. On notera le développement de cette prière.


Source: Bible des peuples