Lecture en continu (SEGOND)

34,2 Elle fut aperçue de Sichem, fils de Hamor, prince du pays. Il l'enleva, coucha avec elle, et la déshonora.

18846 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: L'OUTRAGE À SICHEM
Tandis que Jacob et ses fils étaient assis dans la maison d'étude, occupés à l'étude de la Torah (283), Dina sortit pour voir les danseuses et les chanteuses que Sichem avait embauchées pour danser et jouer dans les rues afin de l'attirer (284) ; si elle était restée à la maison, rien ne lui serait arrivé. Mais c'était une femme, et toutes les femmes aiment à se montrer dans la rue (285). Quand Sichem l'aperçut, il la saisit de force, toute jeune qu'elle était (286), et la viola d'une manière bestiale (287).
Ce malheur frappe Jacob comme une punition pour son excès de confiance en soi. Dans ses négociations avec Laban, il avait utilisé l'expression: «Ma justice répondra de moi dans l'avenir». En outre, à son retour en Palestine, alors qu'il se préparait à rencontrer son frère, il avait caché sa fille Dina dans un coffre, de peur qu'Ésaü ne veuille l'épouser et qu'il ne soit obligé de la lui donner. Dieu lui parla ainsi: «C'est pourquoi Dina devra épouser Job, qui n'est ni circoncis ni prosélyte. Tu as refusé de la donner à un circoncis, et un incirconcis la prendra. Tu as refusé de la donner à Ésaü en légitime mariage, et maintenant elle sera victime de la passion illicite du ravisseur» (288).
Jacob apprit que Sichem avait souillé sa fille, et il envoya douze serviteurs chercher Dina dans la maison de Sichem. Mais Sichem sortit vers eux avec ses gens, et les chassa de sa maison ; il ne permit pas qu'ils s'approchassent de Dina, et il la baisa et l'embrassa sous leurs yeux. Jacob envoya deux jeunes filles de ses serviteurs pour qu'elles restent avec Dina dans la maison de Sichem. Sichem demanda à trois de ses amis d'aller trouver son père Hamor, fils de Haddakum, fils de Pered, et de lui dire: «Prends-moi cette jeune fille pour femme.» Hamor essaya d'abord de persuader son fils de ne pas prendre pour femme une femme hébraïque ; mais, comme Sichem persistait dans sa demande, il se conforma à la parole de son fils et alla communiquer avec Jacob au sujet de cette affaire. Sur ces entrefaites, les fils de Jacob revinrent des champs et, enflammés de colère, ils parlèrent à leur père en ces termes: «Il faut que cet homme et sa famille meurent, car le Seigneur, le Dieu de toute la terre, a prescrit à Noé et à ses enfants de ne jamais commettre de vol ni d'adultère. Or voici que Sichem a commis un acte sexuel interdit avec notre soeur, et aucun des habitants de la ville ne lui avait adressé la parole.» Pendant qu'ils parlaient ainsi, Hamor vint rapporter à Jacob les paroles de son fils au sujet de Dina, et, après qu'il eut cessé de parler, Sichem vint lui-même trouver Jacob et lui répéta la demande de son père. Simon et Lévi répondirent à Hamor et à Sichem par la ruse, en disant: «Nous ferons tout ce que vous nous avez dit. Et voici, notre soeur est dans votre maison ; mais ne vous approchez pas d'elle jusqu'à ce que nous ayons envoyé parler de cette affaire à notre père Isaac, car nous ne pouvons rien faire sans son avis. Il connaît les voies de notre père Abraham, et tout ce qu'il nous dira, nous vous le dirons, nous ne vous cacherons rien.»
Sichem et son père rentrèrent ensuite chez eux, satisfaits du résultat obtenu, et lorsqu'ils furent partis, les fils de Jacob lui demandèrent de chercher un conseil et un prétexte pour tuer tous les habitants de la ville, qui avaient mérité ce châtiment à cause de leur méchanceté. Simon leur dit: «J'ai un bon conseil à vous donner: Ordonnez-leur de se faire circoncire. S'ils ne le font pas, nous leur prendrons notre fille et nous nous en irons. Et s'ils y consentent, nous les attaquerons pendant qu'ils souffriront, et nous les tuerons.» Le lendemain matin, Sichem et son père revinrent auprès de Jacob pour parler de Dina, et les fils de Jacob leur tinrent un langage trompeur, en disant: «Nous avons rapporté à notre père Isaac toutes vos paroles, et vos paroles lui ont plu ; mais il a dit qu'Abraham, son père, lui avait donné cet ordre de la part de Dieu: tout homme qui ne sera pas de sa descendance et qui voudra prendre une de ses filles pour femme devra faire circoncire tous les mâles qui lui appartiendront.»
Sichem et son père s'empressèrent d'accomplir les volontés des fils de Jacob, et ils persuadèrent les gens de la ville de faire de même, car ils étaient très estimés d'eux, puisqu'ils étaient les chefs du pays.
Le lendemain, Sichem et son père se levèrent de bon matin, assemblèrent tous les hommes de la ville, appelèrent les fils de Jacob et circoncirent Sichem, son père, ses cinq frères et tous les mâles de la ville, soit six cent quarante-cinq hommes et deux cent soixante-seize garçons. Haddakum, le grand-père de Sichem, et ses six frères ne voulurent pas être circoncis, et ils furent très irrités contre le peuple de la ville, qui s'était soumis à la volonté des fils de Jacob.
Le soir du second jour, Sichem et son père envoyèrent chercher huit petits enfants que leurs mères avaient cachés, pour les faire circoncire. Haddakum et ses six frères s'élancèrent sur les messagers, et cherchèrent à les tuer ; ils cherchèrent aussi à tuer Sichem, Hamor et Dina. Ils reprochèrent à Sichem et à son père d'avoir fait une chose que leurs pères n'avaient jamais faite, et qui devait soulever contre eux la colère des habitants du pays de Canaan et celle de tous les fils de Cham, et cela à cause d'une femme hébraïque. Haddakum et ses frères terminèrent en disant: «Voici, demain nous irons rassembler nos frères cananéens, et nous viendrons vous frapper, vous et tous ceux en qui vous vous confiez, au point qu'il ne restera de vous ni d'eux aucun vestige.»
Hamor et son fils Sichem, ainsi que tout le peuple de la ville, entendirent cela, et ils furent saisis d'une grande frayeur ; ils se repentirent de ce qu'ils avaient fait, et Sichem et son père répondirent à Haddakum et à ses frères: «C'est parce que nous avons vu que les Hébreux n'accédaient pas à nos désirs au sujet de leur fille que nous avons fait cela ; mais lorsque nous aurons obtenu d'eux ce que nous demandons, nous leur ferons alors ce qui est dans vos cœurs et dans les nôtres, dès que nous aurons repris des forces.»
Dina, qui avait entendu leurs paroles, se hâta d'envoyer une de ses servantes, que son père avait chargée de prendre soin d'elle dans la maison de Sichem, et elle informa Jacob et ses fils de la conspiration qui se tramait contre eux. Lorsque les fils de Jacob apprirent cela, ils furent remplis de colère ; Simon et Lévi jurèrent et dirent: «L'Éternel est vivant ! demain, il ne restera plus un seul homme dans toute la ville.»
Ils commencèrent l'extermination en tuant dix-huit des vingt jeunes gens qui s'étaient cachés et qui n'étaient pas circoncis ; deux d'entre eux s'enfuirent et se réfugièrent dans des carrières de chaux qui se trouvaient dans la ville. Simon et Lévi tuèrent toute la ville, sans laisser échapper un seul homme. Comme ils cherchaient du butin hors de la ville, trois cents femmes s'élevèrent contre eux et leur jetèrent des pierres et de la poussière ; mais Simon les tua tous d'une seule main et rentra dans la ville, où il rejoignit Lévi. Ils enlevèrent aux habitants de la ville leurs brebis, leurs boeufs et leur bétail, ainsi que les femmes et les petits enfants ; ils les emmenèrent tous, et les conduisirent à la ville, auprès de leur père Jacob. Le nombre des femmes qu'ils ne tuèrent pas, mais qu'ils emmenèrent seulement, fut de quatre-vingt-cinq vierges, dont une jeune fille d'une grande beauté, nommée Bunah, que Simon prit pour femme. Tous ces hommes et toutes ces femmes furent au service des fils de Jacob et de leurs enfants après eux, jusqu'au jour où ils quittèrent l'Égypte.