Livre de la Genèse
29,4 Jacob dit aux bergers : “D’où êtes-vous, mes frères ?” Ils répondirent : “Nous sommes de Harrân.” ( ) 29,5 Il leur dit : “Connaissez-vous Laban, le fils de Nahor ?” Ils répondirent : “Nous le connaissons bien.” ( ) 29,6 Jacob leur dit : “Est-il en bonne santé ?” “Il est en bonne santé, répondirent-ils, voici d’ailleurs Rachel, sa fille, qui arrive avec le petit bétail.” ( ) 29,7 Jacob leur dit : “Il fait encore grand jour, ce n’est pas l’heure de rassembler les bêtes. Donnez-leur à boire et emmenez-les pour paître.” ( ) 29,8 Les bergers répondirent : “Nous ne pouvons pas avant que tous les troupeaux soient rassemblés. Alors on roule la pierre de dessus l’ouverture du puits et on donne à boire au petit bétail.” ( )

29,9 Jacob parlait encore, lorsque Rachel arriva avec le petit bétail de son père : elle était bergère.


18838 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: JACOB ET LABAN
La venue de Rachel au puits, au moment où Jacob atteint le territoire de Haran, est de bon augure. Rencontrer des jeunes filles en entrant dans une ville est un signe certain que la fortune est favorable à ce que l'on entreprend. L'expérience le prouve avec Eliezer, Jacob, Moïse et Saül. Ils ont tous rencontré des jeunes filles en abordant un lieu nouveau pour eux, et ils ont tous connu le succès (154).
Jacob traita d'emblée Rachel comme sa cousine, ce qui provoqua d'importants murmures parmi les passants. En effet, depuis que Dieu avait envoyé le déluge sur le monde, à cause de l'immoralité des hommes, une grande chasteté régnait, surtout chez les peuples de l'Orient. Le discours des hommes fit fondre en larmes Jacob. A peine eut-il embrassé Rachel qu'il se mit à pleurer, car il se repentait de l'avoir fait.
Il y avait de quoi pleurer. Jacob ne pouvait que se souvenir avec tristesse qu'Eliezer, l'esclave de son grand-père, avait amené dix chameaux chargés de cadeaux à Haran, lorsqu'il était venu demander une épouse pour Isaac, alors qu'il n'avait même pas un anneau à offrir à Rachel. De plus, il prévoyait que sa femme préférée, Rachel, ne reposerait pas à ses côtés dans la tombe, et cela aussi le faisait pleurer.
Dès que Rachel apprit que Jacob était son cousin, elle courut chez elle pour annoncer sa venue à son père. Sa mère n'était plus parmi les vivants, sinon elle serait naturellement allée la trouver. Laban accourut en toute hâte pour accueillir Jacob. Il se dit que si Eliézer, le serviteur, était venu avec dix chameaux, le fils préféré de la famille n'en apporterait pas davantage, et, voyant que Jacob n'était pas accompagné, il en conclut qu'il portait de grosses sommes d'argent dans sa ceinture, et il lui passa les bras autour de la taille pour s'assurer de la véracité de sa supposition. Déçu, il ne renonça pas pour autant à l'espoir que son neveu Jacob était un homme riche. Peut-être avait-il caché des pierres précieuses dans sa bouche, et il l'embrassa pour savoir s'il avait bien deviné. Mais Jacob lui dit: «Tu crois que j'ai de l'argent ? Tu te trompes, je n'ai que des paroles» (155), et il lui raconta comment il était arrivé qu'il se trouvât devant lui les mains vides. Il raconta que son père Isaac l'avait mis en route avec de l'or, de l'argent et de la monnaie, mais qu'il avait rencontré Éliphaz qui l'avait menacé de mort. A cet agresseur, Jacob avait parlé ainsi: «Sache que les descendants d'Abraham ont une obligation à remplir, ils devront servir quatre cents ans dans un pays qui n'est pas le leur. Si tu me tues, c'est toi, la descendance d'Ésaü, qui devra payer la dette. Il vaut donc mieux prendre tout ce que j'ai et épargner ma vie, afin que ce qui est dû soit payé par moi. C'est pourquoi, reprit Jacob, je me présente devant toi dépouillé de tout ce qu'a emporté Éliphaz» (156).
Le récit de la pauvreté de son neveu plongea Laban dans la consternation. Il s'écria: «Que vais-je faire pour donner à manger et à boire pendant un mois, et peut-être même pendant un an, à cet homme qui est venu chez moi les mains vides ? Il se tourna vers ses théraphim pour leur demander conseil à ce sujet, et ils le réprimandèrent en disant: «Garde-toi de le renvoyer de ta maison. Son étoile et sa constellation sont si heureuses que la bonne fortune accompagnera toutes ses entreprises, et à cause de lui la bénédiction du Seigneur reposera sur tout ce que tu feras, dans ta maison ou dans ton champ.»
Laban est satisfait du conseil des théraphim, mais il est embarrassé quant à la manière dont il va attacher Jacob à sa maison. Il ne se risqua pas à lui offrir un service, de peur que les conditions de Jacob ne pussent être remplies. Il eut de nouveau recours aux théraphim et leur demanda par quelle récompense il pourrait tenter son neveu ; ils lui répondirent: «Une femme est son salaire; il ne te demandera rien d'autre qu'une femme. C'est dans sa nature d'être attiré par les femmes, et chaque fois qu'il menace de te quitter, offre-lui une autre femme, et il ne partira pas.»
Laban retourna auprès de Jacob et lui dit: «Dis-moi, quel sera ton salaire ?» Il répondit: «Crois-tu que je sois venu ici pour gagner de l'argent ? Je ne suis venu que pour me procurer une femme» (158), car à peine Jacob eut-il aperçu Rachel qu'il en tomba amoureux et la demanda en mariage. Rachel y consentit, mais ajouta un avertissement: «Mon père est rusé, et tu n'es pas de taille à l'épouser.» Jacob: «Je suis son frère en ruse.» Rachel: «Mais la tromperie convient-elle aux hommes pieux ?» Jacob: «Oui, la justice est de mise pour le juste, et la tromperie pour le trompeur. Mais, poursuit Jacob, dis-moi où il peut agir avec ruse à mon égard.» Rachel: «J'ai une sœur aînée qu'il veut voir se marier avant moi, et il essaiera de te la refiler à toi plutôt que moi.» Pour se préparer à la ruse de Laban, Jacob et Rachel conviennent d'un signe par lequel il la reconnaîtra dans la nuit nuptiale (159).
Ayant été averti qu'il devait se méfier de Laban, Jacob rédigea son accord avec lui concernant son mariage avec Rachel avec une telle précision qu'il ne laissa aucune place à la déformation ou à la tromperie. Jacob dit: «Je sais que les gens de ce lieu sont habiles; c'est pourquoi je veux t'exposer très clairement la question. Je te servirai sept ans pour Rachel, et non pour Léa ; pour ta fille, afin que tu ne m'amènes pas une autre femme nommée Rachel ; pour la fille cadette, afin que tu n'échanges pas leurs noms entre-temps.»
Rien de tout cela n'a servi: «Il ne sert à rien de jeter un scélérat dans une scierie» - ni la force, ni la douceur des paroles ne peuvent circonvenir un coquin. Laban trompa non seulement Jacob, mais aussi les convives qu'il avait invités aux noces.

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29,10 Dès que Jacob vit Rachel, la fille de son oncle Laban, avec le petit bétail de Laban, il s’approcha du puits, roula la pierre qui le couvrait et donna à boire au petit bétail de son oncle Laban. ( ) 29,11 Ensuite il embrassa Rachel et pleura abondamment. ( ) 29,12 Jacob apprit à Rachel qu’il était de la parenté de son père, et le fils de Rébecca. Aussitôt celle-ci courut l’annoncer à son père. ( ) 29,13 Quand Laban sut qu’il s’agissait de son neveu Jacob, il courut à sa rencontre, il l’embrassa, le couvrit de baisers et le fit entrer dans sa maison. Là Jacob le mit au courant de tout. ( ) 29,14 Laban lui dit : "En vérité tu es de mes os et de ma chair." Jacob resta chez lui tout un mois. ( )



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