Premier Livre de Samuel
28,21 La femme vint à Saül, et, le voyant épouvanté, elle lui dit: "Vois, ta servante t'a obéi, j'ai risqué ma vie et j'ai obéi aux ordres que tu m'avais donnés. ( ) 28,22 Maintenant, je t'en prie, écoute à ton tour la voix de ta servante: laisse-moi te servir un morceau de pain, mange et prends des forces pour te remettre en route." ( ) 28,23 Saül refusa: "Je ne mangerai pas", dit-il. Mais ses serviteurs le pressèrent, ainsi que la femme, et il céda à leurs instances. Il se leva de terre et s'assit sur le divan. ( ) 28,24 La femme avait chez elle un veau à l'engrais. Vite, elle l'abattit et, prenant de la farine, elle pétrit et fit cuire des pains sans levain. ( ) 28,25 Elle servit Saül et ses gens. Ils mangèrent, puis se levèrent et partirent cette même nuit. ( )

29,1 Les Philistins concentrèrent toutes leurs troupes à Apheq, tandis que les Israélites campaient à la source qui est en Yizréel.


1284 Bible des peuples sur verset 2018-08-27: Ce début de chapitre nous laisse un peu mal à l’aise et ne manquera pas de semer des doutes sur la conscience que David pouvait avoir de son identité israélite. Le livre qui suit (en réalité, ce ne sera que la seconde moitié du Livre de Samuel) le montrera préoccupé de réaliser à son profit l’unité d’Israël. Mais les pages qu’on vient de lire étaient-elles objectives quand elles le présentaient comme le porteur des espoirs du peuple et comme la noble victime d’un Saül jaloux et maniaque ? C’est peut-être le moment de rappeler qu’on ne sait rien d’une tribu de Juda antérieure à David ; on a bien des raisons de penser que Juda n’était alors que le nom de cette région des Monts de Juda, occupée par divers clans dont le plus important était sans doute celui des Quénizites. Il y avait bien parmi eux une tribu de Siméon fort réduite en nombre et qui a dû s’intégrer avec eux dans la province (plutôt que la tribu) de Juda. Et le noyau dur des tribus, les héritiers de Moïse, c’étaient Éphraïm, Manassé et Benjamin, la tribu de Saül. On pourrait donner à toute cette histoire une interprétation fort différente. Face à Saül qui, sans doute maladroitement, cherche à réaliser l’unité des tribus, David joue sa propre carte comme champion des gens du sud. Par ses guérillas il réalise l’unité de la tribu de Juda en même temps qu’il paralyse les efforts de Saül pour réunir Israël. C’est David qui réussira à la tâche, et Juda, nouveau venu, déplacera ceux qui jusque là préservaient l’idéal d’un Israël en gestation. David recevra pour sa dynastie les promesses de Dieu, mais il aura fortement enraciné les rancœurs mutuelles du nord et du sud, préparant ainsi le schisme, soixante ans plus tard. Voilà qui nous invite à réfléchir sur l’action de Dieu et sur celle des hommes dans l’histoire du peuple de Dieu, sur la part aussi qui revient aux écrivains inspirés dans la fabrication de l’histoire sainte. On a toute liberté pour donner une autre interprétation, et peut-être sera-t-on davantage dans le vrai, mais ce ne seront que des interprétations, et elles ne referont pas l’histoire. Car la Bible a donné le sens et tous les écrivains sacrés ont prolongé cette première vision des livres de Samuel. Dans le premier livre, David est devenu le vainqueur de Goliath et le champion d’Israël ; à la fin du second il sera l’auteur des Psaumes. Le livre des Chroniques fera de lui le vrai créateur du Temple et de tout le culte d’Israël. Il est permis de penser que David n’a ressemblé que d’assez loin à ce personnage de légende, mais personne ne pourra nier que son histoire, telle qu’on nous l’a transmise, a été porteuse d’une force spirituelle et humaine énorme. Elle est pour une bonne part à l’origine du destin des Juifs, et sans elle Jésus perdrait ses racines humaines. Ici encore il faut répéter que le livre inspiré échappe aux hommes et que Dieu en est l’auteur : il s’en sert pour diriger souverainement les destinées de son peuple.

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29,2 Les princes des Philistins défilaient par centuries et par milliers, et David et ses hommes défilaient les derniers avec Akish. ( ) 29,3 Les princes des Philistins demandèrent: "Qu'est-ce que ces Hébreux" , et Akish répondit aux princes des Philistins: "Mais c'est David, le serviteur de Saül; roi d'Israël! Voici un an ou deux qu'il est avec moi et je n'ai trouvé aucun reproche à lui faire depuis le jour qu'il s'est rendu à moi jusqu'à maintenant." ( ) 29,4 Les princes des Philistins s'emportèrent contre lui et ils lui dirent: "Renvoie cet homme et qu'il retourne au lieu que tu lui as assigné. Qu'il ne vienne pas en guerre avec nous et ne se retourne pas contre nous dans le combat! Comment celui-là achèterait-il la faveur de son maître, sinon avec la tête des hommes que voici? ( ) 29,5 N'est-il pas ce David, duquel on chantait dans les choeurs: "Saül à tué ses milliers et David ses myriades?" ( ) 29,6 Akish appela donc David et lui dit: "Aussi vrai que Yahvé est vivant, tu es loyal et il me plairait que tu sortes et rentres avec moi dans le camp, car je n'ai rien trouvé de mauvais en toi depuis le jour que tu es venu chez moi jusqu'à maintenant. Mais tu n'es pas bien vu des princes. ( )



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