Epitre aux Philippiens de Paul
2,2 mettez le comble à ma joie par l'accord de vos sentiments: ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment; ( ) 2,3 n'accordez rien à l'esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun par l'humilité estime les autres supérieurs à soi; ( ) 2,4 ne recherchez pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des autres. ( ) 2,5 Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus: ( ) 2,6 Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. ( )

2,7 Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme,


4633 Bible des peuples sur verset 2019-01-06: Commentant ce texte, on est bien obligé de mentionner les exégèses modernes selon lesquelles Paul n’aurait jamais connu Jésus que comme le Roi-Messie. On commence par minimiser l’intérêt possible de ce texte en affirmant que c’est un fragment liturgique, issu de quelque communauté, que Paul aura recopié. Mais qui enseignait la liturgie et formait les responsables de la liturgie dans les communautés fondées par Paul ? Il n’en était pas réduit à emprunter à ses élèves un bel hymne christologique, et il suffit de lire cet hymne dans son contexte pour voir à quel point il s’insère naturellement dans son discours. Ensuite, comparant cet hymne avec Sagesse 1.13-15 et 2.23-24, on voudrait qu’il parle de Jésus comme d’un autre Adam, ou homme modèle, dont la vie sans faute lui méritait d’échapper à la mort ; mais il a renoncé à ce privilège. Pour justifier cette interprétation, on voudrait que être dans la forme de Dieu (8), qui signifie en grec “avoir tout ce qui manifeste la nature propre de Dieu”, se réduise à une ressemblance à Dieu, juste ce que la Genèse attribuait à d’Adam, et Jésus n’est plus qu’un homme modèle. Grâce à un contresens, on veut que le nom qu’il reçoit (9) soit un titre comme sauveur, ou rédempteur, et non Le Nom de Dieu. Et l’on élimine le verset 10 qui gêne en disant qu’il a dû être ajouté plus tard. Mais encore faudrait-il répondre à la question : si Jésus a renoncé à la forme de Dieu, et à une vie sans la mort, était-ce avant ou après sa naissance ? Personne ne pourra montrer que Jésus avait à sa naissance le privilège de ne pas mourir et qu’un jour il a renoncé à ce privilège. Et de nouveau s’impose un abaissement du Christ en Dieu avant son existence terrestre. Peut-être nous sommes-nous trop étendus sur une interprétation si peu fondée qui s’est diffusée à la façon d’une mode. Tout ce que nous venons de démontrer sur l’abaissement du Fils-Dieu était déjà confirmé par le verset 2Corinthiens 8.9 écrit sans doute peu après la lettre aux Philippiens : Lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour vous, pour que vous soyez riches au prix de sa pauvreté. Nous trouvons déjà là, dans le mystère divin, le modèle que Jésus proposera à ses disciples (les théologiens aiment garder à ce propos le mot grec “kénose” qui signifie tout simplement “se réduire à rien”). Et l’on peut noter que, selon Marc 8.34 et plus encore Luc 8.23 et Jean 12.24, Jésus parle de cette perte de soi, non comme d’un devoir qu’il imposerait à ses disciples, mais d’une nécessité pour tous. Cette vision du Fils, Seigneur, à qui le Père donne le Nom incommunicable, ce n’est pas une vue qui serait propre à Paul et qu’il aurait élaborée à ses risques et périls, nous en retrouvons les grandes lignes tout au long de l’Évangile de Jean. Qu’on relise entre autres l’introduction au lavement des pieds : “Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains et qu’il retournait à Dieu comme il était venu de Dieu” (Jean 13.3) : c’est le retour du Fils, porteur de tout l’univers.

( 1S 21,11 , Mc 10,42 )
2,8 il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! ( ) 2,9 Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, ( Mc 16,15 , ) 2,10 pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, ( Mc 4,21 , ) 2,11 et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. ( ) 2,12 Ainsi donc, mes bien-aimés, avec cette obéissance dont vous avez toujours fait preuve, et qui doit paraître, non seulement quand je suis là, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut: ( )