Evangile de Jean
6,61 Jésus savait en lui-même que ses disciples protestaient ; il leur dit : “Tout cela vous scandalise ? ( ) 6,62 Que direz-vous lorsque vous verrez le Fils de l’Homme remonter où il était auparavant ? ( Dn 7,13 , ) 6,63 C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien ; les paroles que je vous ai dites sont esprit, et elles sont vie. ( ) 6,64 Mais certains d’entre vous ne croient pas.” Jésus savait en effet dès le début quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui allait le trahir. ( ) 6,65 Et il ajouta : “Voici la raison pour laquelle je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui a pas été donné par le Père.” ( )

6,66 Ce jour-là beaucoup de disciples firent marche arrière et cessèrent de le suivre.


2759 Bible des peuples sur verset 2018-12-01: LA CRISE DES DISCIPLES Seul Jean nous parle d’une telle crise dans l’audience de Jésus et de l’éloignement de nombreux disciples, bien que les synoptiques aussi laissent entendre une réduction du mouvement qui l’entoure. Marc 9.30 nous dit, quelque temps plus tard, que “Jésus allait de place en place et qu’il ne voulait pas qu’on sache où il était car il était occupé à instruire ses disciples”. On peut donc penser que ce n’étaient plus des foules qui accouraient, et, si nous prenons note de ce que dit Jean dans ce paragraphe, on comprend mieux comment, dans les autres évangiles, Jésus passe de l’enseignement aux foules à la formation des vrais fidèles. Mais s’il y a eu crise, et grave, quelle en était la raison ? Jean donne une double réponse. La première, c’est que la foule est déçue par le messianisme (d’autres diront : le refus de messianisme) de Jésus. Chacun en Israël se faisait sa propre idée du Messie, mais il y avait un point commun et c’était la restauration nationale. Or, lorsque la popularité de Jésus est à son comble, il se dérobe. Marc 6.45 confirme à sa manière la désillusion que Jean nous rapporte en 6.14-17. La seconde raison est plus profonde. Refuser le messianisme tel que le peuple l’entendait, cela ne mettait pas en cause l’enseignement de Jésus ; ici par contre Jean a voulu nous faire saisir l’incapacité des sympathisants à se hisser au niveau de la révélation que Jésus leur apportait. On l’estimait énormément comme Maître, on s’émerveillait de ses pouvoirs comme guérisseur, on croyait que Dieu agissait par lui, mais quand on a commencé à sentir ce que Jésus portait en lui, on l’a abandonné. Nous connaissons des personnes qui ne jurent que par tel ou tel grand homme et acceptent comme parole d’évangile tout ce qu’il dit. On s’en irrite ou on s’en moque : ces personnes heureusement ne sont pas trop nombreuses et la majorité montre plus de sagesse. Or c’est précisément cette majorité du peuple juif, que la Loi met en garde contre tout culte de la personnalité, qui se scandalise, car Jésus élude toute comparaison et tout effort pour lui trouver une place parmi les Maîtres ou les Prophètes. Jean n’a pas forgé de toutes pièces le discours du chapitre 6 ; il doit avoir réuni là ce que Jésus opposait à l’espérance messianique telle qu’il la rencontrait dans le peuple. Or Jésus dit et répète qu’il est le pain venu du ciel. Chose plus grave, toutes ses affirmations se démarquent de l’Ancien Testament qu’il prend soin de citer. Comme on est loin des écrits religieux de son temps ou même des livres tardifs de l’Ancien Testament : Jérusalem, le Temple, les soupirs d’Israël opprimé, la compassion de l’Éternel pour son peuple… ! Tout au contraire Jésus semble ne s’intéresser qu’à une découverte du Père dans le Fils : c’est là qu’est le royaume. Et si l’heure est unique, c’est parce que Dieu s’est rendu présent. Les disciples font marche arrière parce qu’ils ne sont pas prêts à abandonner tout leur héritage religieux pour la seule foi en celui qui exerce sur eux une telle attirance : non seulement l’écouter et le croire, mais croire en lui. Qui le leur reprocherait ? Nul ne peut venir à moi si cela ne lui a pas été donné par le Père (65). Jésus ne leur avait jamais dit de renier leurs pratiques religieuses, mais elles devaient être coiffées par quelque chose d’un tout autre ordre : la recherche et l’expérience d’une communion avec Dieu par le Fils, et grâce à une vie dans l’Esprit. Il est facile de voir que cette crise des disciples de Jésus est toujours latente dans le monde chrétien : l’idée que le tout de Dieu et de l’univers nous soit offert aujourd’hui même en lui et seulement en lui est intolérable pour les sages, et certains n’auront pas de cesse qu’ils n’aient fait de Jésus l’un des plus grands ou même le plus grand parmi les hommes, mais sans plus croire en lui.

( )
6,67 Jésus dit alors aux Douze : “N’allez-vous pas partir, vous aussi ?” ( ) 6,68 Pierre lui répondit : “Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle, ( ) 6,69 et nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu.” ( ) 6,70 Jésus leur dit : “N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? et pourtant l’un de vous est un démon.” ( ) 6,71 Jésus parlait de Judas, fils de Simon Iscariote. C’est lui, l’un des Douze, qui allait livrer Jésus. ( )



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