Evangile de Luc
1,22 Lorsqu’il sortit, il avait perdu l’usage de la parole et l’on se douta bien qu’il avait eu une vision dans le Temple. Il essayait de se faire comprendre, mais il restait muet. ( ) 1,23 Il arriva ainsi au terme de son temps de service et il retourna chez lui. ( ) 1,24 Dans les jours qui suivirent, Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Durant cinq mois elle dissimula son secret. Elle se disait : ( ) 1,25 “Voilà bien ce que le Seigneur a fait ! Je me sentais humiliée devant tout le monde, et c’est le moment qu’il avait fixé pour me délivrer.” L’annonce à Marie ( ) 1,26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, ( )

1,27 auprès d’une vierge déjà promise en mariage à Joseph, un homme de la famille de David ; le nom de la vierge était Marie.


2880 Bible des peuples sur verset 2018-12-02: LE DIALOGUE DE L’ANNONCIATION Celui qui cherche à approfondir ce récit ne devra pas oublier que c’est un tableau, comme il y en a d’autres dans l’Évangile, tout spécialement chez Luc, et non le compte rendu précis d’une apparition. C’est un fait que ni Luc, ni l’Église primitive, ni Marie elle-même ne pouvaient résumer en une demi page l’histoire des appels et des interventions par lesquelles Dieu l’avait préparée pour son rôle unique ; moins encore pouvait-on dévoiler leur relation mutuelle : ce tableau inspiré devait en livrer l’essentiel. Marie n’aurait-elle reçu d’autre communication divine que celle que Luc situe au moment où elle conçoit le Fils de Dieu ? La vie de certains saints et le témoignage de personnes actuellement vivantes montrent comment Dieu, parfois, a donné des signes dès l’enfance, comment il a placé auprès d’eux un ange ou quelque patron céleste pour les éduquer, les conseiller, les préparer à un rôle qu’ils ne pouvaient encore comprendre. De tels exemples enseignent beaucoup. Il serait étonnant que Marie n’ait pas reçu dès sa petite enfance une illumination et une éducation. Sa consécration à Dieu a dû avoir lieu très tôt (que de bêtises n’a-t-on pas dites à ce sujet : “Marie ne pouvait penser à un vœu de virginité parce que ce n’était pas dans la mentalité de l’époque !”). Elle a certainement porté dès les premières années le poids et la joie d’une vie secrète inondée par les communications divines. Ses parents eux-mêmes ont dû l’ignorer pour une bonne part et Dieu ne lui a accordé ni la forme de beauté, ni les initiatives qui l’auraient fait remarquer. Le récit de Luc doit donc être compris comme un tableau inspiré ; il résume et à la fois nous fait comprendre toute une histoire qu’il n’y avait pas à raconter. Les deux annonciations à Zacharie et à Marie sont construites sur le même modèle. Il n’en est que plus facile de voir les contrastes. L’ange Gabriel s’était manifesté à Zacharie dans le Temple à l’heure sainte où la foule se rassemble. Pour Marie il vient dans un hameau de Galilée ignoré de l’histoire antérieure à Jésus. Marie (en grec) ou Miryam (en hébreu). Dans la Bible ce nom n’apparaît nulle part ailleurs que dans les récits sur Miryam, la sœur d’Aaron ( Exode 15.20 ; Nombres 12 ; Michée 5.4). C’est une adolescente, sans doute une fille de paysans pauvres, dans une société patriarcale et machiste. Bien que déjà donnée en mariage à Joseph, elle n’a encore ni le statut social attaché à la célébration officielle, ni l’enfant qui crée un lien de sang avec la nouvelle famille. Zacharie s’est troublé — peut-être faudrait-il dire effrayé — en voyant l’ange (on ne les voyait pas alors avec des ailes et une robe blanche) ; ce qui trouble Marie, ce n’est pas la vision mais ce qu’elle entend : une parole divine qui lui fait immédiatement deviner sa vocation exceptionnelle. Luc nous donne alors la parole divine prononcée sur l’enfant qui va naître, suivant en cela le modèle des récits bibliques d’autres annonciations, lesquels en réalité se développent selon l’ordre le plus obvie. Les versets 32-33 ont repris le langage des chrétiens d’origine juive, les versets 35-36 celui de l’Église en terres grecques. Les lecteurs grecs de Luc comprenaient certainement les versets 32-33 comme nous le faisons nous-mêmes, ils relativisaient le sens politique des espérances d’Israël et les transposaient sur le plan spirituel. La question de Marie au verset 34 a donné lieu aux interprétations les plus diverses, et parfois échevelées. Si nous comparons les deux annonciations à Zacharie et à Marie, cette question vient tout naturellement. À Zacharie on a dit qu’il aurait un fils, qui il serait, et on lui précise le comment : Élisabeth lui donnera un fils. Marie reçoit l’annonce d’un fils après avoir précisé et répété qu’elle était vierge bien que déjà donnée à Joseph. Il faut bien que l’ange lui dise le comment ou que Marie le lui fasse dire. En Luc 1.34 le texte dit, selon l’usage du verbe hébreu : “Comment est-ce possible si je ne connais pas un homme.” Le plus probable est qu’il faut comprendre : “si, en ce moment, je n’ai pas de relations avec un homme”. Il est étrange, cependant, que dans un tel récit Marie n’ait même pas posé la question de Joseph, si, d’un moment à l’autre, ils devaient s’unir. Et de même l’ange n’a pas nommé Joseph pour l’écarter. Pour Marie, la réponse de l’ange signifie qu’elle va concevoir tout de suite, sans attendre une rencontre avec Joseph, et c’est alors que prend tout son sens le titre de vierge que Luc a placé dès le début. Marie reprend la parole pour accepter purement et simplement. Cette acceptation, pourtant, souligne la part active qui lui revient dans la conception de Jésus. Le récit de Luc déjà la mettait en valeur avec la question qu’elle posait au verset 34 ; alors que le dialogue de Zacharie avec l’ange prenait la forme d’un heurt, l’interrogation de Marie manifestait déjà sa coopération. Le récit affirme donc, sans aucun doute possible qu’en ce moment Marie conçoit de l’Esprit de Dieu. Nous avons rappelé que “Marie toujours vierge” est une affirmation de la foi chrétienne. C’est une autre question que de savoir si Marie s’était réservée pour Dieu avant d’être liée à Joseph. On dira qu’une telle décision allait contre l’esprit du milieu où Marie a grandi, mais il serait beaucoup plus surprenant que Dieu l’ait ignorée jusqu’au jour de la conception de Jésus et que l’ange soit arrivé si tard.

( )
1,28 L’ange vint à elle et lui dit : “Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi.” ( ) 1,29 Marie était toute troublée de ces paroles et se demandait ce que voulait dire cette salutation. ( ) 1,30 Mais l’ange lui dit : “Ne crains pas, Marie ! Tu as trouvé grâce auprès de Dieu. ( ) 1,31 Tu vas être enceinte et tu mettras au monde un fils que tu appelleras du nom de Jésus. ( ) 1,32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, et c’est à lui que le Seigneur Dieu donnera le trône de David son père. ( )



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