Evangile de Matthieu
25,25 J’ai donc pris peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Voilà ce qui t’appartient.’ ( ) 25,26 Mais son maître lui répond : ‘Mauvais serviteur, bon à rien, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé et que j’amasse quand je n’ai rien engagé. ( ) 25,27 Mais alors, tu devais placer mon argent à la banque : à mon retour j’aurais repris ce qui est à moi avec les intérêts. ( ) 25,28 Prenez-lui donc ce talent et donnez-le à celui qui en a dix. ( ) 25,29 On donnera à celui qui produit et il sera dans l’abondance, mais celui qui ne produit pas, on lui prendra même ce qu’il a. ( )

25,30 Et ce serviteur inutile, jetez-le dehors dans les ténèbres : là il y aura pleurs et grincements de dents.'"


3377 Bible des peuples sur verset 2018-12-16: MAÎTRES ET SERFS
Serviteur inutile. Nous avons suivi l’interprétation traditionnelle de cette parabole : elle dénonce celui qui n’a rien risqué et qui n’a pas fait usage de sa conscience ni des autres dons que Dieu lui a donnés. La parabole jumelle que nous lisons en Luc 19.11 identifie clairement le maître comme le Christ, parti au loin mais qui sûrement reviendra et demandera des comptes. Le serviteur qui accuse son maître est donc le mauvais, et ce maître qui, en Luc, dit aux autres serviteurs : Viens partager la joie de ton maître ! est un homme droit et généreux. Et pourtant, si nous lisons la parabole comme pouvaient la comprendre les auditeurs de Jésus, c’est le contraire qui est vrai. Le maître est l’un de ces riches propriétaires qui devaient leur fortune au système social et politique installé alors en Palestine comme en beaucoup d’autres lieux sur la base d’une société agricole. Les cultivateurs, petits propriétaires, ne gardent que très difficilement la moitié de ce qu’ils ont produit, et ils courent tous les risques. Un roi est propriétaire des terres et, de façon plus discutée des villes de la province. Autour du roi s’affaire toute une classe d’administrateurs et d’intermédiaires. Certains lèvent les impôts, d’autres assurent la soumission du peuple, d’autres se chargent de maintenir le culte, facteur de stabilité et de conservatisme. Tout ce monde vit de la faveur du roi, s’enrichit par des dessous de tables, des services malhonnêtes, et le roi ou le riche propriétaire qui en est la démultiplication et l’image à une échelle plus réduite, utilise la corruption comme un moyen de s’attacher ceux qui le serviront utilement et de maintenir en haleine le monde de ses grands serviteurs. Dans la parabole le maître est parti à l’étranger car il est bon de voyager assez fréquemment pour faire la cour à de plus hautes autorités. En son absence il faut que le système d’exploitation fonctionne et les grands serviteurs feront de l’excès de zèle pour assurer leur avenir. Pas un mot sur la façon dont ils arriveront à “produire” de la richesse. Il n’est pas sûr que la banque mentionnée en 25.27 fasse travailler l’argent en de grandes entreprises nécessairement capitalistes comme était le commerce des Nabatéens. On est dans un monde d’exploitation pure et simple. Les deux premiers serviteurs sont entrés dans le jeu et Luc dit qu’ils reçoivent en récompense des villes de la province : ces villes, bien qu’elles s’administrent elles-mêmes, devront leur verser des taxes car le roi en fait cadeau à qui il veut, favori ou maîtresse. Ce sont donc des arrivistes et des corrompus. Le troisième serviteur est le seul qui ait osé dénoncer le système. Ceci étant, on ne peut pas dire que Luc et Matthieu ont compris de travers la parabole : il y avait bien là une figure de ce qui se passe dans le Royaume de Dieu. Mais rien n’était simple. Les auditeurs ont retrouvé dans ce récit la vérité de ce qu’ils vivaient ; ils ont pu y voir une dénonciation discrète de la corruption dont ils étaient les victimes et dont, certainement, ils se faisaient aussi les complices ; ils ne pouvaient guère imaginer ce que cela avait à faire avec le Royaume de Dieu, à moins qu’ils n’aient appris à retourner le sens des paraboles ou qu’ils se soient approchés du groupe des disciples : Matthieu 13.10. Sans doute est-ce ici l’occasion de rappeler l’une des fonctions du langage en paraboles : Matthieu 13.11-13. N’oublions pas que Jésus révèle un Dieu caché.

( )
25,31 “Lorsque le Fils de l’Homme viendra dans sa gloire accompagné de tous les anges, il s’assiéra sur le trône de Gloire, le sien. ( Ps 75,10 , Dn 7,13 , ) 25,32 Toutes les nations seront amenées devant lui ; il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les chèvres. ( ) 25,33 À sa droite il rangera les brebis, et à sa gauche les chèvres. ( ) 25,34 Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume qui est préparé pour vous depuis la création du monde. ( ) 25,35 Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli, ( )



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