Evangile de Matthieu
21,35 Mais les fermiers se rendent maîtres des serviteurs : ils frappent l’un, tuent l’autre et assomment un troisième à coups de pierres. ( ) 21,36 De nouveau des serviteurs sont envoyés, plus nombreux que les premiers, mais on les traite de la même manière. ( Jr 25,4 , ) 21,37 Alors lui, pour finir, leur envoie son fils. Il pensait en effet : Ils auront du respect pour mon fils. ( ) 21,38 Mais lorsque les fermiers voient le fils, ils se disent : “C’est lui l’héritier ; allons-y, tuons-le, et son héritage sera à nous. ( ) 21,39 Ils le saisissent donc, le jettent hors de la vigne et le tuent. ( )

21,40 Maintenant, lorsque le maître de la vigne se présentera, comment va-t-il traiter ces fermiers ?”


21482 Daniel Bourguet sur marathon 2024-06-02: « Que fera le maître à ces vignerons » - Helmut Gollwitzer (extr. La joie de Dieu) cité dans Daniel Bourguet : l’Evangile médité par les Pères - Matthieu - ed. Olivetan

Jésus raconte une histoire, celle de Dieu avec son peuple.
Il parle d’une vigne, et les auditeurs savent pertinemment de quoi il est question, car elle a toujours servi de terme de louange pour Israël (Is 5,1 ; Is 27,2).
Israël avait en effet conscience d'être le lieu de prédilection de Dieu pour en faire sa propriété. Elle était défrichée et plantée de ses mains et il en attendait les fruits.

Le Seigneur réclame aujourd'hui le produit de son domaine sur lequel il possède un droit irrécusable. Il ne l'exige pas hors saison, mais au moment convenable. Les auditeurs comprennent parfaitement.

Tous les prophètes, vénérés à présent comme des grands hommes de l'histoire, étaient une question de Dieu au sujet de sa vendange.
Certes, on savait bien qu'ils s'étaient heurtés à une fin de non-recevoir, à la moquerie, aux mauvais traitements, à la persécution et au refus obstiné. Dieu a ainsi révélé sa patience et son espérance, en envoyant toujours à nouveau des messagers. L'histoire d'Israël est toujours celle de l'extrême longanimité de Dieu.

Israël a fatigué Dieu par ses méfaits (Is 43,24). Le Dieu Tout-Puissant et Seul-Sage paraît perplexe devant cet endurcissement qui résiste à toutes les apparentes velléités d'amélioration et de conversion :
« Que puis-je faire ? » [se demande-t-il par la bouche du prophète Osée] (Os 6,4).

Il se saisit alors du dernier moyen : il s'envoie lui-même ; [il envoie son Esprit] dans la personne de son Fils Bien-Aimé [qui incarne ainsi sa Parole]. Il ne vient pas pour se venger, mais pour amener son peuple à la juste attitude vis-à-vis de Dieu. Peut-être auront-ils des égards ?

Jésus explique ainsi pourquoi, en contradiction apparente avec les prophéties de Jean, sa venue ne coïncide pas avec le jugement dernier. Sa mission, qui est encore sous le signe de la patience de Dieu, donne au peuple une ultime possibilité de repentance.

Chez les vignerons, par contre, cet envoi du Fils révèle leur véritable désir : « pour que l'héritage soit à nous » [disent-ils entre eux].
En rejetant le Christ, l’homme cherche à détrôner Dieu, pour devenir son propre maître. [C’est encore l’orgueil et l’ego qui parlent.]

L’envoi du Fils et son destin dévoilent l'inimitié profonde entre l'homme et Dieu.
Dieu doit mourir, afin que l'homme puisse enfin vivre selon ses propres désirs.
Ce dernier doit donc tuer Dieu, [c’est-à-dire faire taire l’Esprit en lui].

Chaque pas dans la désobéissance révèle son intention de supprimer Dieu, pour atteindre ce qu'il croit être la vraie vie, en usurpant l'héritage de Dieu, dont il cherche à prendre la place.

« Que fera donc le Maître de la vigne ? »
Interrogés par Jésus, les auditeurs doivent dire eux-mêmes si l'on peut encore envisager un autre jugement que celui de la condamnation et de la mort. L'impasse paraît être sans issue.

Pourtant Jésus n'a pas entièrement répondu à sa propre question : « Que fera le Maître de la vigne? », car la grâce n'est pas annoncée à l'homme qui pèche, mais à l'homme qui a déjà péché [qui en prend conscience et qui souhaite changer de chemin].

Cette grâce n'est pas l'émanation naturelle d'une infatigable miséricorde divine, mais se présente au contraire comme l'imprévisible, l'inattendue victoire de l'amour de Dieu sur sa colère, contre toute attente et toute raison.

Cachée derrière l'inexorable jugement, se dessine cette nouvelle et imprévisible possibilité de Dieu : une nouvelle et dernière invitation résultera de la mort du Fils Bien-Aimé en faveur de ses meurtriers.
De ce « trop tard » surgira un « encore » de la patience divine.

Dieu ne restera pas sans un peuple à lui, [un nouveau peuple] ; car la vigne sera donnée à d’autres.
A l'horizon lointain, on entrevoit le jour où […] [ce nouveau peuple annoncera le salut de Dieu à qui veut bien l’entendre].

( )
21,41 Les autres répondent : “Il enverra ces misérables à la mort qu’ils méritent et il remettra la vigne à d’autres fermiers : ceux-là lui en donneront les fruits quand viendra la saison.” ( ) 21,42 Jésus leur dit : “Peut-être avez-vous lu ceci dans les Écritures : La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre d’angle. C’est le Seigneur qui l’avait donnée, et nous restons à l’admirer. ( Ps 117,22 , ) 21,43 Aussi je vous dis que le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui en produira les fruits. ( ) 21,44 Quant à la pierre, celui qui tombera sur elle se brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera !” ( ) 21,45 Les chefs des prêtres et les Pharisiens écoutaient ces paraboles, et ils comprirent que Jésus parlait pour eux. ( )



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