Lecture en continu (SEGOND)

49,2 Rassemblez-vous, et écoutez, fils de Jacob! Écoutez Israël, votre père!

18881 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA BÉNÉDICTION DES DOUZE TRIBUS
Lorsque Joseph et ses deux fils quittèrent Jacob, ses frères, envieux de l'abondance des bénédictions accordées aux trois, dirent: «Le monde entier aime le favori de la fortune, et notre père a ainsi béni Joseph parce qu'il est un chef d'hommes.» Jacob dit alors: «Ceux qui cherchent le Seigneur ne manqueront de rien de bon. J'ai assez de bénédictions pour tous.» (381)
Jacob appela ses fils du pays d'Égypte et les fit venir auprès de lui à Ramsès, mais il leur ordonna d'abord de se purifier, afin que la bénédiction qu'il s'apprêtait à leur accorder puisse s'attacher à eux. Il leur ordonna aussi de fonder une académie, dont les membres seraient gouvernés.
Lorsque ses fils furent amenés en sa présence par les anges, Jacob prit la parole et dit: «Prenez garde qu'aucune dissension ne surgisse parmi vous, car l'union est la première condition de la rédemption d'Israël», et il était sur le point de leur révéler le grand secret concernant la fin des temps, mais alors qu'ils se tenaient autour du lit d'or sur lequel reposait leur père, la Shekinah le visita un instant et s'en alla aussi vite, et avec elle disparut aussi toute trace de la connaissance du grand mystère dans l'esprit de Jacob.[Il fit la même expérience que son propre père Isaac, à qui Dieu avait également infligé une perte de mémoire pour l'empêcher de révéler le secret de la fin des temps à Ésaü, lorsqu'il l'avait convoqué pour recevoir sa bénédiction.
Cet accident fit craindre à Jacob que ses fils ne fussent pas assez pieux pour être considérés comme dignes de recevoir la révélation concernant l'ère messianique, et il leur dit: «Ismaël et les fils de Kétura étaient les plus mauvais parmi les enfants de mon grand-père Abraham ; mon père Isaac a engendré un enfant mauvais en la personne d'Ésaü, et je crains maintenant qu'il n'y ait parmi vous quelqu'un qui ait l'intention de servir les idoles». Les douze hommes prirent la parole et dirent: «Écoute, Israël, notre père, l'Éternel, notre Dieu, est le seul et unique Dieu. De même que ton coeur est un et uni pour reconnaître le Saint, béni soit-il, comme ton Dieu, de même nos coeurs sont un et unis pour le reconnaître.» Jacob répondit: «Loué soit le Nom de la gloire de sa majesté pour les siècles des siècles !» (383) Et bien que tout le mystère des temps messianiques n'ait pas été communiqué aux fils de Jacob, la bénédiction de chacun d'entre eux contenait une certaine référence aux événements de l'avenir.
Telles sont les paroles adressées par Jacob à son fils aîné: «Ruben, tu es mon premier-né, ma puissance et le commencement de ma force. Ta part aurait dû être de trois couronnes. Tu aurais dû avoir le double héritage de ta primogéniture, la dignité sacerdotale et le pouvoir royal. Mais à cause de ton péché, le droit d'aînesse est conféré à Joseph, la royauté à Juda et le sacerdoce à Lévi. Mon fils, je ne connais pas de remède pour te guérir, mais l'homme Moïse, qui montera vers Dieu, te guérira, et Dieu pardonnera ton péché (384). Je te bénis - que tes descendants soient des héros dans la Torah et des héros à la guerre (385). Même si tu dois perdre ton droit d'aînesse, tu seras le premier à entrer en possession de ton lot en Terre sainte, et c'est dans ton territoire que se trouveront les premières villes de refuge, et ton nom figurera toujours en premier sur la liste des familles des tribus. Tu seras aussi le premier dont l'héritage sera saisi par l'ennemi et le premier à être emmené sur les terres de l'exil.
Après que Ruben se fut fait tirer les oreilles, il se retira, et Jacob appela auprès de lui ses fils Simon et Lévi, auxquels il s'adressa en ces termes: «Frères, vous êtes issus de Dina, mais non de Joseph, que vous avez vendu comme esclave. Les armes avec lesquelles vous avez battu Sichem étaient des armes volées, car il ne vous convenait pas de tirer l'épée. C'était la part d'Ésaü. C'est à lui qu'il a été dit: Tu vivras par ton épée. Mon âme n'entrera pas dans le conseil de la tribu de Simon, lorsqu'ils s'assemblent à Sittim pour commettre de mauvaises actions, et ma gloire ne s'unira pas à l'assemblée de Koré, des descendants de Lévi. Dans leur colère, Simon et Lévi tuèrent le prince de Sichem, et dans leur volonté, ils vendirent Joseph, le taureau, comme esclave. La ville de Sichem fut maudite lorsqu'ils y entrèrent pour la détruire. S'ils restent unis, aucun chef ne pourra s'opposer à eux, aucune guerre ne pourra leur résister. C'est pourquoi je partagerai et disperserai leurs biens parmi les biens des autres tribus. Les descendants de Simon seront pour beaucoup d'entre eux des pauvres, qui erreront de tribu en tribu et mendieront leur pain, et la tribu de Lévi recueillera ses dîmes et ses dons auprès de toutes les autres.»
Les paroles de Jacob, «Je les partagerai en Jacob», prononcées à propos de Simon et de Lévi, s'accomplirent sur Simon en particulier. Lorsque vingt-quatre mille Simon tombèrent à Shittim, les veuves qu'ils laissèrent épousèrent des maris de toutes les autres tribus. Néanmoins, Jacob ne renvoya pas Simon et Lévi sans les avoir bénis ; la tribu de Simon devait produire les maîtres et les bedeaux dont tout Israël avait besoin, et Lévi, les érudits qui exposeraient la Torah et rendraient des décisions en fonction de ses enseignements (387).
Lorsque les autres fils de Jacob entendirent les reproches de leur père à l'égard de ces trois-là, ils craignirent d'entendre de tels reproches, et ils cherchèrent à s'éloigner de sa présence. Juda en particulier s'inquiéta de ce que son père pouvait se moquer de lui en raison de son infidélité envers Tamar. Mais Jacob lui parla ainsi «Juda, tu mérites ton nom. Ta mère t'a appelé Jéhouda, parce qu'elle a loué Dieu à ta naissance ; tes frères te loueront aussi, et ils s'appelleront tous de ton nom. De même que tu as avoué ton péché ouvertement, de même tes descendants, Acan, David et Manassé, avoueront publiquement leurs péchés, et le Seigneur exaucera leur prière. Tes mains lanceront des traits sur l'ennemi en fuite, et les fils de ton père te rendront hommage. Tu as l'impudence d'un chien et la bravoure d'un lion. Tu as sauvé Joseph de la mort, et Tamar et ses deux fils des flammes. Aucun peuple, aucun royaume ne pourra s'opposer à toi. Les chefs ne disparaîtront pas de la maison de Juda, ni les docteurs de la loi de sa postérité, jusqu'à ce que vienne le Messie, son descendant, et que tous les peuples lui obéissent. Quelle gloire pour le Messie de la maison de Juda ! Les reins ceints, il sortira pour combattre ses ennemis. Aucun roi, aucun gouvernant ne l'emportera sur lui. Les montagnes seront teintes en rouge par leur sang, et les vêtements du Messie seront comme les vêtements de celui qui presse le vin. Les yeux du Messie seront plus clairs que le vin pur, car ils ne verront jamais l'impudicité et l'effusion de sang ; et ses dents seront plus blanches que le lait, car elles ne mordront jamais rien de ce qui est pris par la violence» (388).
Bien qu'Issacar soit l'aîné, Zabulon vint ensuite pour être béni, en récompense du sacrifice qu'il avait fait pour son frère, car lorsque Issacar choisit l'étude de la Torah comme vocation, Zabulon décida de se consacrer aux affaires et de soutenir son frère avec les bénéfices de son commerce, afin qu'il puisse se consacrer à la loi sans être dérangé (389). Sa bénédiction fut qu'il conquerrait la côte jusqu'à Sidon (390).
»Issachar, dit Jacob, se chargera de l'étude de la Torah, et toutes les autres tribus viendront lui demander de trancher leurs doutes sur des questions juridiques, et ses descendants seront les membres du Sanhédrin et les érudits qui s'occuperont de fixer le calendrier. Jacob bénit également Issachar en lui accordant la bénédiction selon laquelle les fruits de sa terre seraient extrêmement abondants, ce qui entraîna un profit céleste et terrestre, car lorsque les païens auxquels les fruits étaient vendus s'en étonnaient, les Mchands juifs expliquaient que leur taille extraordinaire était due aux mérites de la tribu d'Issachar, que Dieu récompensait pour son dévouement à la Torah, et c'est ainsi que de nombreux païens furent incités à se convertir au judaïsme. (391).
En bénissant Dan, Jacob pensait surtout à son descendant Samson, qui, comme Dieu, sans aucune aide, avait donné la victoire à son peuple. Jacob crut même que cet homme fort et héroïque était le Messie, mais lorsque la mort de Samson lui fut révélée, il s'exclama: «J'attends ton salut, Seigneur, car ton secours est pour l'éternité, tandis que celui de Samson n'est que pour un temps» (392). La rédemption, poursuivit Jacob, ne sera pas accomplie par Samson le Danite, mais par Elie le Gadite, qui apparaîtra à la fin des temps» (393).
La bénédiction d'Asher était la beauté de ses femmes, qui étaient recherchées en mariage par les rois et les grands prêtres (394).
Dans le pays de Nephtali, tous les fruits mûrissaient rapidement ; on les apportait en présent aux rois, et ils obtenaient la faveur royale de ceux qui les donnaient. Cette bénédiction s'accomplit dans la plaine de Génésareth (395). En même temps que la bénédiction de Nephtali, une prophétie fut faite sur sa descendante Débora, qui fut comme une biche lâchée contre Sisera pour le conquérir, et elle prononça de belles paroles dans son chant sur la victoire d'Israël (396). Nephtali lui-même méritait le qualificatif appliqué à Débora, car il était prompt comme un cerf à faire la volonté de Dieu, et il était un messager rapide pour son père et pour les tribus. Il servit de héraut aux frères de Joseph pour annoncer à Jacob la bonne nouvelle: «Joseph est encore vivant», et quand le père affligé le vit approcher, il dit: «Voici Nephtali, l'aimable, qui annonce la paix» (398).
La bénédiction de Joseph dépasse la bénédiction de tous ses frères. Jacob dit: «Fils que j'ai élevé, Joseph, que j'ai fait grandir, et qui a su résister aux tentations du péché, tu as vaincu tous les magiciens et tous les sages de l'Égypte par ta sagesse et par tes œuvres pieuses. Les filles des princes jetaient leurs bijoux devant toi, pour attirer tes regards sur elles, lorsque tu traversais le pays d'Égypte ; mais tu n'as pas regardé de leur côté, et c'est pourquoi tu es devenu le père de deux tribus. Les magiciens et les sages d'Égypte cherchaient à te dénigrer devant Pharaon et à te calomnier, mais tu as mis ton espoir dans le Tout-Puissant. Que celui qui m'est apparu sous le nom d'El Shaddaï te bénisse et t'accorde une terre fertile et un bétail abondant. Que la bénédiction que ton père te donne maintenant, et la bénédiction que lui donnèrent ses pères Abraham et Isaac, et qui excita l'envie des grands de ce monde, Ismaël, Ésaü et les fils de Keturah, que toutes ces bénédictions soient une couronne sur la tête de Joseph, et une chaîne au cou de celui qui fut le chef de l'Égypte, et qui cependant ne diminua pas l'honneur dû à ses frères.» (399)
La calomnie dont parle Jacob se réfère à ce que Potiphar avait dit de Joseph devant Pharaon. Il s'était plaint en disant: «Pourquoi as-tu établi mon esclave, que j'ai acheté pour vingt pièces d'argent, comme chef des Égyptiens ?» Joseph s'était alors défendu en disant: «En m'achetant comme esclave, tu as commis un crime capital. Seul un descendant de Canaan peut être vendu comme esclave, et je suis un descendant de Sem, et un prince de surcroît. Si tu veux te convaincre de la vérité de mes paroles, compare-moi au portrait que Pharaon a fait de ma mère Sarah. On apporta le portrait de Sara, et, en effet, il apparut que Joseph ressemblait à son aïeule, et tous furent convaincus de sa noble ascendance (400).
La bénédiction que Jacob a accordée à Benjamin contient la prophétie selon laquelle sa tribu fournira à Israël son premier et son dernier dirigeant, et c'est ce qui s'est passé, car Saül et Esther appartenaient tous deux à la tribu de Benjamin. De même, l'héritage de Benjamin en Terre Sainte comporte deux extrêmes: Jéricho mûrit ses fruits plus tôt que n'importe quelle autre région de Palestine, tandis que Béthél les mûrit plus tard. Dans la bénédiction de Benjamin, Jacob fait également référence au service dans le Temple, car le lieu saint est situé sur le territoire de Benjamin. Lorsque Jacob appela son fils cadet un loup des ravins, il pensait au juge Ehud, le grand érudit, un Benjamite, qui avait vaincu Eglon, roi de Moab, et il pensait aussi aux Benjaminites qui capturaient leurs femmes par la ruse et la force (401).
S'il a appelé Benjamin un loup, Juda un lion et Joseph un taureau, c'est qu'il voulait faire allusion aux trois royaumes connus sous les noms de loup, lion et taureau, dont la destinée a été et sera scellée par les descendants de ses trois fils: Babylone, le royaume du lion, tomba par les mains de Daniel, de la tribu de Juda ; la Médie, le loup, trouva son maître dans le Benjaminite Mardochée ; et le taureau Joseph soumettra la bête à cornes, le royaume de la méchanceté, avant les temps messianiques (402).