Livre d'Esther
4,11 “Les serviteurs du roi savent bien, tout comme le peuple des provinces du roi, que quiconque, homme ou femme, entre chez le roi dans la cour intérieure sans avoir été appelé, doit être mis à mort. La loi ne fait pas d’exception à ce sujet, seul celui à qui le roi tend son sceptre d’or, conserve la vie sauve. Et moi, je n’ai pas été appelée chez le roi depuis 30 jours.” ( ) 4,12 Hatak rapporta à Mardochée les paroles d’Esther. ( ) 4,13 Mais Mardochée fit dire de nouveau à Esther : “Ne pense pas que tu échapperas à la mort, seule parmi les Juifs, parce que tu es dans le palais royal. ( ) 4,14 Si aujourd’hui tu te tais, le salut et la délivrance viendront pour les Juifs d’un autre côté, mais toi et la maison de ton père, vous périrez. Qui sait si ce n’est pas pour un jour comme celui-ci que tu es devenue reine.” ( ) 4,15 Esther fit répondre à Mardochée : ( )

4,16 “Rassemble tous les Juifs qui sont à Suse et jeûnez pour moi. Ne mangez pas, ne buvez pas pendant trois jours et trois nuits, et moi aussi je jeûnerai avec mes servantes ; puis j’irai trouver le roi contrairement à la loi et, si je dois mourir, je mourrai.”


19227 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LA PRIÈRE D'ESTHER
Mardochée prit donc des dispositions pour organiser un jeûne et une réunion de prière. Le jour même de la fête, il se fait transporter sur l'autre rive de Suse, où tous les Juifs de la ville pourront observer le jeûne ensemble. (142) Il était important que les résidents juifs de Suse, au-delà de tous les autres Juifs, fassent pénitence et demandent pardon à Dieu, parce qu'ils avaient commis le péché de participer au banquet d'Assuérus. Douze mille prêtres Mchaient dans le cortège, les trompettes à la main droite et les rouleaux sacrés de la loi à la main gauche, pleurant et se lamentant, et s'exclamant contre Dieu: «Voici la Torah que tu nous as donnée. Ton peuple bien-aimé est sur le point d'être détruit. Quand cela arrivera, qui restera pour lire la Torah et évoquer ton nom ? Le soleil et la lune refuseront de répandre leur lumière, car ils n'ont été créés que pour l'amour d'Israël.» Ils tombèrent sur leur visage et dirent: «Réponds-nous, notre Père, réponds-nous, notre Roi.» Le peuple tout entier se joignit à leurs cris, les créatures célestes pleurèrent avec eux, et les Pères sortirent de leurs tombeaux.
Après un jeûne de trois jours, Esther sortit de terre et de poussière et se prépara à se rendre chez le roi. Elle se vêtit d'un vêtement de soie, brodé d'or d'Ophir et pailleté de diamants et de perles envoyés d'Afrique ; elle portait une couronne d'or sur la tête et des chaussures d'or aux pieds.
Après avoir achevé sa tenue, elle prononça la prière suivante: «Tu es le grand Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et le Dieu de mon père Benjamin. Ce n'est pas parce que je me considère comme irréprochable que j'ose me présenter devant le roi insensé, mais c'est pour que le peuple d'Israël ne soit pas exclu du monde. N'est-ce pas pour Israël seul que le monde entier a été créé ? Et si Israël venait à disparaître, qui viendrait s'exclamer trois fois par jour devant Toi: «Saint, saint, saint» ? De même que Tu as sauvé Hanania, Michaël et Azaria de la fournaise, et Daniel de la fosse aux lions, de même sauve-moi de la main de ce roi insensé, et fais-moi paraître charmante et gracieuse à ses yeux. Je te prie d'écouter ma prière en ce temps d'exil et de bannissement de notre pays. A cause de nos péchés, les paroles menaçantes des Saintes Ecritures s'accomplissent sur nous: «Vous vous vendrez à vos ennemis comme esclaves et comme femmes, et personne ne vous achètera». Le décret de mise à mort a été pris. Nous sommes livrés à l'épée pour être détruits, racine et branche. Les fils d'Abraham se sont couverts de sacs et de cendres ; mais si les anciens ont péché, que n'ont pas fait les enfants, et si les enfants ont commis des fautes, que n'ont pas fait les nourrissons ? Les grands de Jérusalem sont sortis de leurs tombeaux, car leurs enfants ont été livrés à l'épée.
»Comme les jours de notre joie se sont vite envolés ! Le méchant Haman nous a livrés à nos ennemis pour qu'ils nous massacrent.
»Je vais raconter devant toi les actions de tes amis, et je commencerai par Abraham. Tu l'as soumis à toutes les tentations, et tu l'as trouvé fidèle. Soutiens ses enfants bien-aimés à cause de lui, et aide-les, afin de les porter comme un sceau inébranlable sur ta main droite. Demande à Haman de rendre compte du mal qu'il nous fait, et venge-toi du fils d'Hammedatha. Demande des comptes à Haman et non à ton peuple, car il a voulu nous anéantir tous d'un seul coup, lui, l'ennemi et l'oppresseur de ton peuple, qu'il s'efforce d'enserrer de toutes parts.
»Tu nous as attachés à toi par un lien éternel. Que tu nous soutiennes à cause d'Isaac, qui a été lié ! Haman a offert au roi dix mille talents d'argent pour nous. Élève notre voix, réponds-nous, et fais-nous sortir de l'étroitesse pour nous élargir. Toi qui brises les plus puissants, écrase Haman, afin qu'il ne se relève jamais de sa chute. Je suis prêt à me présenter devant le roi, afin d'implorer la grâce pour mon héritage. Envoie avec moi un ange de compassion dans mon voyage, et que la grâce et la faveur soient mes compagnes. Que la justice d'Abraham me précède, que le lien d'Isaac me relève, que le charme de Jacob soit mis dans ma bouche, et la grâce de Joseph sur ma langue. Heureux l'homme qui se confie en Dieu, il n'est pas déçu. Il me prêtera Sa main droite et Sa main gauche, avec lesquelles il a créé le monde entier. Vous tous, Israélites, priez pour moi comme je prie pour vous. Car tout ce qu'un homme peut demander à Dieu au temps de sa détresse lui est accordé. Considérons les œuvres de nos pères et faisons comme eux, et il exaucera nos supplications. La main gauche d'Abraham tenait Isaac par la gorge, et sa main droite saisissait le couteau. Il s'est prêté de bonne grâce à tes ordres, et il n'a pas tardé à les exécuter. Le ciel a ouvert ses fenêtres pour laisser la place aux anges qui pleuraient amèrement et disaient: «Malheur au monde, si cette chose devait arriver». Moi aussi, je t'invoque ! Réponds-moi, car tu écoutes tous les malheureux et les opprimés. Tu es appelé le Miséricordieux et le Bienveillant ; Tu es lent à la colère et grand en bonté et en vérité. Écoute notre voix et réponds-nous, et fais-nous sortir de la détresse vers l'abondance. J'ai jeûné pendant trois jours, selon le nombre de jours que dura le voyage d'Abraham pour lier son fils sur l'autel devant toi. Tu as conclu une alliance avec lui et Tu lui as promis: «Chaque fois que tes enfants seront dans la détresse, je me souviendrai favorablement de la ligaturet d'Isaac et je les délivrerai de leurs angoisses». De même, j'ai jeûné trois jours correspondant aux trois classes d'Israël, prêtres, lévites et Israélites, qui se tenaient au pied du Sinaï et disaient: «Nous ferons tout ce que le Seigneur a dit, et nous serons obéissants».
Esther conclut sa prière en disant: «Dieu, Seigneur des armées ! Toi qui sondes les cœurs et les reins, en cette heure, rappelle-toi les mérites d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, afin que ma requête auprès de Toi ne soit pas repoussée et que ma demande ne soit pas laissée sans réponse. (143)

( )
4,17 Mardochée s’en alla donc et fit tout ce qu’Esther lui avait demandé. Mardochée pria le Seigneur, il lui rappela toutes ses merveilles et lui dit : “Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant, tout est entre tes mains, et personne ne peut s’opposer à toi si tu as décidé de sauver Israël. C’est toi qui as fait le ciel, la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel. Tu es le Seigneur de toutes choses, et personne ne peut te résister, puisque tu es le Seigneur. Tu connais tout, Seigneur, tu sais que ce n’est ni par insolence, ni par orgueil, ni par vanité, que j’ai refusé de me prosterner devant l’orgueilleux Aman : je serais prêt à baiser la plante de ses pieds pour le salut d’Israël. Mais j’ai agi ainsi pour ne pas mettre la gloire d’un homme au-dessus de la gloire de Dieu. Je ne veux adorer personne en dehors de toi, mon Seigneur, et ce n’est pas par orgueil que je le ferai. Maintenant Seigneur, Dieu et Roi, Dieu d’Abraham, sauve ton peuple lorsqu’on a les yeux fixés sur nous pour nous détruire et faire disparaître le peuple qui t’appartient depuis le commencement. N’abandonne pas ton propre peuple que tu as racheté du pays d’Égypte. Écoute ma prière, sois favorable à ton peuple, change notre deuil en joie. Fais-nous vivre, et nous chanterons des cantiques en l’honneur de ton Nom, Seigneur. Ne fais pas disparaître ceux qui chantent tes louanges.” Et tout Israël criait de toutes ses forces, car il se voyait face à la mort. La reine Esther se réfugia auprès du Seigneur, saisie d’une angoisse mortelle. Elle avait enlevé ses vêtements de reine et revêtu des vêtements de misère et de deuil. Au lieu des riches parfums, elle s’était recouvert la tête de cendres et d’ordures. Elle humiliait sévèrement son corps : loin de le parer de bijoux, elle le couvrait de ses cheveux défaits et c’est ainsi qu’elle suppliait le Seigneur, le Dieu d’Israël : “Ô mon Seigneur, notre roi, tu es l’Unique ! Viens à mon secours, car je suis seule et n’ai pas d’autre secours que toi, et je dois risquer ma vie. Depuis ma naissance j’ai appris de mes pères que tu as choisi Israël parmi tous les peuples, et nos pères parmi tous leurs ancêtres. Tu as fait d’eux ton héritage et tu as accompli pour eux tes promesses. Mais alors nous avons péché contre toi et tu nous as livrés entre les mains de nos ennemis parce que nous avions servi leurs dieux. Tu es juste, Seigneur ! Mais il ne leur suffit plus de voir notre triste esclavage, ils ont fait appel à leurs idoles pour ruiner le décret sorti de ta bouche, pour faire disparaître ton héritage, pour fermer la bouche de ceux qui te chantent, éteindre la gloire de ton autel et de ton Temple. Voici que les païens s’apprêtent à chanter la victoire de leurs idoles, à s’extasier sans fin devant un roi qui n’est qu’un homme. N’abandonne pas ta royauté, Seigneur, à ceux qui ne sont rien. Que nul ne puisse rire de notre ruine ! Retourne contre eux leurs plans et fais un exemple de celui qui les dresse contre nous. Souviens-toi, Seigneur, montre-toi au jour de notre épreuve, et à moi, Roi des dieux et Maître de toute autorité, donne-moi le courage. Lorsque je serai devant le lion, mets sur mes lèvres les paroles qui le séduiront, retourne son cœur pour qu’il déteste notre ennemi, pour qu’il le fasse périr avec tous ceux qui lui ressemblent. Quant à nous, que ta main nous sauve. Viens à mon secours, car je suis seule et je n’ai personne en dehors de toi, Seigneur. Tu connais toute chose, tu sais que je déteste la gloire des impies et que j’ai en horreur la couche des païens et de tout étranger, mais tu sais que j’y suis obligée. La couronne que je dois porter aux jours de fête, comme un signe de ma grandeur, me dégoûte autant que le linge souillé par les règles d’une femme ; c’est pourquoi, quand je suis chez moi, je ne la porte pas. Ta servante n’a pas mangé à la table d’Aman, elle n’aime pas les banquets des rois, elle ne boit pas de leur vin. Ta servante n’a pas connu d’autre joie que toi, Seigneur, Dieu d’Abraham, depuis le jour de son couronnement jusqu’à aujourd’hui. Ô Dieu, toi qui l’emportes sur tous, écoute la voix des désespérés, délivre-nous de la main des méchants, et libère-moi de ma peur !”. ( ) 5,1 Le troisième jour, quand elle eut fini sa prière, elle quitta ses vêtements de pénitence pour mettre sa tenue d’apparat. Éclatante de beauté, elle invoqua le Dieu qui voit tout et qui sauve, puis elle prit avec elle deux servantes : elle s’appuyait sur l’une d’entre elles, tandis que l’autre l’accompagnait, soulevant sa traîne. Elle était au sommet de sa beauté, elle rougissait et son visage rayonnait la confiance ; pourtant la crainte faisait frémir son cœur. Après avoir franchi toutes les portes, elle se trouva devant le roi. Il était assis sur son trône royal, revêtu de tous les ornements des fêtes solennelles : l’éclat de l’or et des pierres précieuses le rendait terrible à voir.Tout brillant de gloire il leva son visage et lança un regard furieux. La reine s’évanouit, elle changea de couleur et pencha sa tête sur la servante qui l’accompagnait. Alors Dieu changea le cœur du roi et le disposa à la douceur. Tout inquiet, le roi s’élança de son trône et la prit dans ses bras jusqu’à ce qu’elle revienne à elle. Il la réconfortait par des paroles pleines de tendresse : “Qu’as-tu Esther ? Je suis ton frère ! Rassure-toi, tu ne mourras pas. Notre décret vise les gens du commun, approche-toi. ( Ps 21,2 , ) 5,2 Alors il leva son sceptre d’or et le posa sur le cou d’Esther, il l’embrassa et lui dit : “Parle-moi.” — “Seigneur, répondit-elle, je t’ai vu semblable à un ange de Dieu. Ta gloire inspire la crainte et mon cœur s’est troublé. Car tu es admirable, seigneur, et ton visage est plein de charme.” Tout en parlant, elle s’évanouit de nouveau ; le roi était très inquiet et son entourage cherchait à la ranimer. ( ) 5,3 “Qu’y a-t-il, reine Esther ?” demanda le roi. “Dis-moi ce que tu veux : quand ce serait la moitié de mon royaume, elle te serait donnée.” ( ) 5,4 Esther répondit : “Est-ce que le roi acceptera de venir aujourd’hui avec Aman au festin que j’ai préparé pour lui ?” ( )



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