Livre de la Genèse
44,7 Ils lui répondirent : “Pourquoi mon seigneur nous parle-t-il de cette façon ? Nous n’avons pas l’habitude d’agir ainsi ! ( ) 44,8 L’argent que nous avions trouvé sur le dessus de nos sacs, nous l’avons rapporté du pays de Canaan. Comment donc aurions-nous volé de l’argent ou de l’or dans la maison de ton maître ? ( ) 44,9 Si tu trouves cette coupe sur l’un de tes serviteurs, qu’il soit mis à mort, et que nous devenions les esclaves de mon seigneur.” ( ) 44,10 Il leur dit : “Soit ! je vais vous juger sur vos paroles. Celui chez qui l’on trouvera la coupe sera mon esclave, et vous, vous serez libres.” ( ) 44,11 Sans perdre de temps, chacun déposa à terre son sac de blé et l’ouvrit. ( )

44,12 La fouille commença par l’aîné, et finit par le plus jeune : on trouva la coupe dans le sac de Benjamin.


18873 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: LE VOLEUR ATTRAPÉ
Ils n'avaient pas encore franchi les portes de la ville que Joseph chargea Manassé, l'intendant de sa maison, de les suivre et de chercher la coupe d'argent qu'il avait cachée dans le sac de Benjamin. Il connaissait bien ses frères, et n'osait pas les laisser s'éloigner de la ville avant d'essayer de les forcer à revenir. Il espérait que la proximité de la ville les intimiderait et les ferait obéir à ses ordres. Manassé reçut donc l'ordre de les arrêter, par des paroles douces s'il le pouvait, ou rudes s'il le devait, et de les ramener à la ville (255). Il agit selon ses instructions. Lorsque les frères entendirent l'accusation de vol, ils dirent: «Que celui de tes serviteurs à qui l'on trouvera la coupe meure, et nous serons nous aussi les esclaves de mon seigneur.» Manassé répondit: «Il faut faire ce que tu dis, car si l'on accuse dix personnes de vol et que l'on trouve l'objet volé chez l'une d'elles, toutes sont tenues pour responsables. Mais je ne serai pas si dur. Celui chez qui l'on trouvera la coupe sera l'esclave, et les autres seront irréprochables.»
Il fouilla tous les sacs, et pour ne pas éveiller le soupçon qu'il savait où était la coupe, il commença par Ruben, l'aîné, et s'arrêta à Benjamin, le plus jeune, et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. Ses frères, furieux, crièrent à Benjamin: «Voleur et fils de voleur ! Ta mère a déshonoré notre père par ses vols, et maintenant tu nous déshonores». Mais il répondit: «Cette affaire est-elle aussi mauvaise que celle du chevreau, que celle des frères qui ont vendu leur propre frère comme esclave ?» (256).
Dans leur fureur et leur mécontentement, les frères ont déchiré leurs vêtements. Dieu les a payés avec leur propre monnaie. Ils avaient poussé Jacob à déchirer ses vêtements dans sa douleur à cause de Joseph, et maintenant ils étaient obligés de faire de même à cause de leurs propres problèmes. De même qu'ils déchirèrent leurs vêtements à cause de leur frère Benjamin, de même Mardochée, descendant de Benjamin, devait déchirer les siens à cause de ses frères (Est 4,1), le peuple d'Israël. Mais parce que la mortification a été infligée aux frères par l'intermédiaire de Manassé, l'intendant de Joseph, le territoire attribué à la tribu de Manassé a été «déchiré» en deux, une moitié de la tribu devant vivre d'un côté du Jourdain, l'autre moitié de l'autre côté. Joseph, qui n'avait pas craint de vexer ses frères au point qu'ils déchiraient leurs vêtements dans leur abaissement, fut puni, car son descendant Josué fut poussé à un tel désespoir après la défaite d'Aï qu'il déchira lui aussi ses vêtements (Jos 7,6) (257).
Reconnus coupables de vol sans l'ombre d'un doute, les frères de Joseph n'ont d'autre choix que de se conformer à l'ordre de l'intendant et de retourner à la ville. Ils l'accompagnèrent sans tarder. Chacun d'eux chargea son âne lui-même, soulevant le fardeau d'une main depuis le sol jusqu'au dos de la bête, puis ils revinrent sur leurs pas vers la ville, (258) et tout en Mchant, ils frappèrent rudement Benjamin sur l'épaule, en disant: «Ô voleur et fils de voleur, tu as attiré sur nous la même honte que ta mère a attirée sur notre père.» Benjamin supporta les coups et les paroles injurieuses dans un silence patient, et il fut récompensé pour son humilité. Pour s'être soumis aux coups sur son épaule, Dieu fit en sorte que sa Shekinah « habite entre ses épaules «, et il l'appela aussi « le bien-aimé de l'Éternel « (259).
Les frères de Joseph rentrèrent sans crainte dans la ville. Bien qu'elle fût une grande métropole, elle n'apparaissait à leurs yeux que comme un hameau de dix personnes, qu'ils pouvaient effacer d'un tour de main (260). Ils furent conduits en présence de Joseph, qui, contrairement à son habitude, ne tenait pas ce jour-là une séance du tribunal sur le forum. Il était resté chez lui, afin que ses frères ne fussent pas exposés à la honte en public. Ils tombèrent à terre devant lui, et c'est ainsi que se réalisa son rêve des onze étoiles qui se prosternaient devant lui (261) Mais tout en rendant hommage à Joseph, Juda bouillait intérieurement d'une rage réprimée, et il dit à ses frères: «En vérité, cet homme m'a forcé à revenir ici uniquement pour que je détruise la ville en ce jour.»
Gardé par ses vaillants hommes à droite et à gauche, Joseph s'adressa à ses frères en s'écriant: «Qu'avez-vous fait pour voler ma coupe ? Je sais bien que vous l'avez prise pour découvrir à l'aide d'elle le lieu où se trouve votre frère qui a disparu: «Que dirons-nous à mon seigneur au sujet du premier argent qu'il a trouvé dans l'ouverture de nos sacs ? Que dirons-nous du second argent qui se trouvait aussi dans nos sacs ? Et comment pourrons-nous nous disculper au sujet de la coupe ? Nous ne pouvons pas nous reconnaître coupables, car nous nous savons innocents dans toutes ces affaires. Mais nous ne pouvons pas nous reconnaître innocents, parce que Dieu a découvert l'iniquité de tes serviteurs, comme un créancier qui se promène et cherche à recouvrer une dette qui lui est due (263). Deux frères prennent soin de ne pas entrer ensemble dans une maison de joie et de fête, afin de ne pas être exposés au mauvais œil, mais nous avons tous été pris ensemble dans un même lieu, à cause du péché que nous avons commis en compagnie.»
Joseph: «Mais si tu es puni pour avoir vendu Joseph, pourquoi ton frère devrait-il souffrir, le plus jeune, celui qui n'a pas participé à ton crime.
Judah: «Un voleur et ses compagnons sont pris ensemble».
Joseph: «Si vous avez pu vous résoudre à dire à votre père, au sujet d'un frère qui n'avait pas volé et qui ne vous avait fait aucune honte, qu'une bête sauvage l'avait déchiré, vous vous persuaderez facilement de le dire au sujet d'un frère qui a volé et qui vous a fait honte. Mais, reprit Joseph en secouant son manteau de pourpre, Dieu me garde de vous accuser tous de vol. Seul le jeune homme qui a volé la coupe pour savoir où se trouvait son frère restera avec moi comme mon esclave ; quant à vous, montez en paix vers votre père.»
Le Saint-Esprit s'est écrié: «Ceux qui aiment ta loi jouissent d'une grande paix».
Les frères consentirent tous à livrer Benjamin au chef de l'Égypte ; seul Juda hésita et s'écria: «Maintenant, c'en est fini de la paix !» et il se prépara à employer la force, s'il le fallait, pour arracher Benjamin à l'esclavage (265).

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44,13 Tous alors déchirèrent leurs vêtements et, après avoir chargé leurs sacs sur leurs ânes, ils retournèrent vers la ville. ( ) 44,14 Juda et ses frères rentrèrent dans la maison de Joseph ; il était là et ils se prosternèrent à terre devant lui. ( ) 44,15 Joseph leur dit : “Qu’avez-vous fait ? Ne savez-vous pas qu’un homme comme moi est capable de tout deviner ?” ( ) 44,16 Alors Juda lui dit : “Nous n’avons rien à répondre à mon seigneur. Comment pourrions-nous nous justifier ? Dieu a dévoilé la faute de tes serviteurs ; nous serons donc les esclaves de mon seigneur, nous et celui dans la main duquel on a trouvé la coupe.” ( ) 44,17 Mais il leur dit : “Dieu me garde de faire cela ! Celui sur qui on a trouvé ma coupe sera mon esclave, mais vous, retournez en paix vers votre père !” ( )



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