Livre de la Genèse
42,3 Les frères de Joseph descendirent donc à dix pour acheter du blé en Égypte. ( ) 42,4 Jacob n’avait pas envoyé Benjamin, le frère de Joseph, avec ses frères, car il se disait : “Il ne faudrait pas qu’il lui arrive malheur !” ( ) 42,5 Les fils d’Israël arrivèrent donc avec tous ceux qui entraient dans le pays pour acheter du blé, car la famine régnait en Canaan. ( ) 42,6 Comme Joseph était le premier ministre du pays, c’est lui qui vendait le blé à tous les gens du pays. Quand les frères de Joseph arrivèrent, ils se prosternèrent devant lui la face contre terre. ( ) 42,7 Joseph vit ses frères et les reconnut, mais il ne se fit pas reconnaître par eux. Il leur parla même sévèrement : “D’où venez-vous ?” leur dit-il, “De Canaan, répondirent-ils, pour acheter du blé et avoir de quoi manger.” ( )

42,8 Joseph avait reconnu ses frères, mais eux ne l’avaient pas reconnu.


18870 Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg sur verset 2023-10-31: JOSEPH RENCONTRE SES FRÈRES
Une grande couronne d'or sur la tête, vêtu de byssus et de pourpre, et entouré de ses vaillants hommes, Joseph était assis sur son trône dans son palais. Ses frères se prosternèrent devant lui, dans une grande admiration pour sa beauté, son aspect imposant et sa majesté (204) Ils ne le connaissaient pas, car lorsque Joseph fut vendu comme esclave, il n'était qu'un jeune homme imberbe. Mais il connaissait ses frères, dont l'aspect n'avait en rien changé, car ils étaient barbus lorsqu'il fut séparé d'eux (205).
Mais un ange lui apparut, celui-là même qui l'avait amené de Sichem à ses frères de Dothan, et il prit la parole en disant: «Ils sont venus ici dans l'intention de te tuer.» Plus tard, lorsque les frères rentrèrent chez eux et racontèrent leurs aventures à Jacob, ils lui dirent qu'un homme les avait accusés faussement devant le chef de l'Égypte, sans savoir que celui qui avait excité Joseph contre eux était un ange. C'est à propos de cette affaire, et en pensant à leur accusateur, que Jacob, lorsqu'il envoya ses fils pour leur seconde expédition en Égypte, pria Dieu: «Que le Dieu tout-puissant vous accorde sa miséricorde devant cet homme» (206).
Joseph se rendit étranger à ses frères ; il prit sa coupe à la main, frappa contre elle, et dit: «C'est par cette coupe magique que je sais que vous êtes des espions.» Ils répondirent: «Vos serviteurs sont venus de Canaan en Égypte pour acheter du blé.»
Joseph: «S'il est vrai que vous êtes venus ici pour acheter du blé, comment se fait-il que chacun de vous soit entré dans la ville par une porte distincte ?
Les frères: «Nous sommes TOUS les fils d'un seul homme dans le pays de Canaan, et il nous a défendu d'entrer ensemble dans une ville par la même porte, afin de ne pas attirer l'attention des gens du lieu.» Inconsciemment, ils avaient parlé en tant que voyants, car le mot TOUS incluait Joseph comme l'un des leurs (208).
Joseph: «En vérité, vous êtes des espions ! Tous les gens qui viennent acheter du blé s'en retournent aussitôt chez eux, mais vous, vous êtes restés ici trois jours, sans faire aucun achat, et pendant tout ce temps vous vous êtes promenés dans les quartiers mal famés de la ville, et il n'y a que les espions qui aient l'habitude d'agir ainsi.»
Les frères: «Nous tes serviteurs, nous sommes douze frères, fils de Jacob, fils d'Isaac, fils de l'hébreu Abraham. Le plus jeune est aujourd'hui avec notre père en Canaan, et l'un d'eux a disparu. C'est lui que nous avons cherché dans ce pays, et nous l'avons cherché jusque dans les maisons mal famées.»
Joseph: «Avez-vous fait des recherches dans tous les pays du monde, et l'Égypte était-elle la seule terre qui restait ? Et s'il est vrai qu'il est en Égypte, que ferait un de vos frères dans une maison de mauvaise réputation, si vous êtes les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ?»
Les frères: «Nous avons entendu dire que des Ismaélites avaient volé notre frère et l'avaient vendu comme esclave en Égypte. Comme notre frère était très beau de forme et de visage, nous avons pensé qu'il avait pu être vendu à des fins illicites, et c'est pourquoi nous avons cherché à le retrouver, même dans les maisons les plus mal famées.
Joseph: «Vous prononcez des paroles trompeuses, quand vous vous dites fils d'Abraham. Sur la vie de Pharaon, vous êtes des espions, et vous êtes allés d'une maison mal famée à une autre, afin qu'on ne vous découvrît pas.
L'expression «par la vie de Pharaon» aurait pu trahir le sentiment réel de Joseph à l'égard de ses frères, s'ils n'avaient connu son habitude de faire ce serment uniquement lorsqu'il voulait éviter de tenir sa parole plus tard (210).
Joseph continua à parler à ses frères: «Supposons que vous découvriez votre frère comme esclave et que son maître exige une forte somme pour sa rançon, la paieriez-vous ?»
Les frères: «Oui !»
Joseph: «Mais si son maître refusait de le livrer pour n'importe quel prix au monde, que feriez-vous ?»
Les frères: «S'il ne nous cède pas notre frère, nous tuerons le maître et nous emporterons notre frère.»
Joseph: «Voyez maintenant combien mes paroles étaient vraies: vous êtes des espions. Vous êtes venus, de votre propre aveu, pour tuer les habitants du pays. On nous a rapporté que deux d'entre vous ont massacré les habitants de Sichem à cause du mal fait à votre sœur, et maintenant vous êtes descendus en Égypte pour tuer les Égyptiens à cause de votre frère. Je ne serai convaincu de votre innocence que si vous consentez à envoyer l'un des vôtres chez vous pour y ramener votre plus jeune frère.»
Ses frères refusèrent d'obtempérer, et Joseph les fit mettre en prison par soixante-dix de ses vaillants hommes, et ils y restèrent trois jours (211) ; Dieu ne permet jamais aux pieux de languir dans la détresse plus de trois jours, et c'est donc par une dispensation divine que les frères de Joseph furent libérés le troisième jour (212), et que Joseph leur permit de retourner chez eux, à condition toutefois que l'un d'entre eux reste en arrière comme otage.
On voit ici la différence entre Joseph et ses frères. Bien qu'il ait retenu l'un d'eux pour le lier dans la prison, il dit encore: «Je crains Dieu», et il renvoie les autres ; mais quand il fut en leur pouvoir, ils ne pensèrent plus à Dieu (213) ; il est vrai qu'à cette époque leur conduite fut celle des pieux, qui acceptent leur sort avec une calme résignation, et qui reconnaissent la justice de Dieu, car il distribue les récompenses et les châtiments mesure pour mesure. Ils reconnurent que leur châtiment actuel était la contrepartie du traitement cruel qu'ils avaient infligé à Joseph, sans tenir compte de sa détresse, bien qu'il se soit jeté aux pieds de chacun d'eux en pleurant et en les suppliant de ne pas le vendre comme esclave. Ruben rappela aux autres qu'ils avaient deux torts à expier, celui envers leur frère et celui envers leur père, qui était si affligé qu'il s'exclama: «Je descendrai au tombeau vers mon fils en deuil.»
Les frères de Joseph ne savaient pas que le vice-roi d'Égypte comprenait l'hébreu et pouvait suivre leurs paroles, car Manassé se tenait debout et servait d'interprète entre eux et lui (214).
Joseph décida de garder Simon comme otage en Égypte, car il avait été l'un des deux - Lévi était l'autre - à conseiller la mise à mort de Joseph, et seule l'intercession de Ruben et de Juda l'avait sauvé. Il ne retint pas non plus Lévi, car il craignait que, si tous deux restaient en arrière ensemble, l'Égypte ne subisse entre leurs mains le même sort que la ville de Sichem. Il préféra Simon à Lévi, car Simon n'était pas un favori parmi les fils de Jacob, et ils ne résisteraient pas trop violemment à sa détention en Egypte, alors qu'ils risquaient d'anéantir l'Egypte, comme autrefois Sichem, s'ils étaient privés de Lévi, leur sage et leur grand prêtre (216). D'ailleurs, c'est Simon qui avait fait tomber Joseph dans la fosse, c'est pourquoi il lui en voulait particulièrement (217).
Lorsque les frères eurent cédé à la demande de Joseph et consenti à laisser leur frère en otage, Simon leur dit: «Vous voulez faire de moi ce que vous avez fait de Joseph». Mais ils répondirent, désespérés: «Que pouvons-nous faire ? Nos familles mourront de faim.» Simon répondit: «Faites ce que vous voudrez ; quant à moi, que je voie l'homme qui se risquera à me jeter en prison.» Joseph envoya dire à Pharaon de lui donner soixante-dix de ses hommes vaillants pour l'aider à arrêter les brigands. Lorsque les soixante-dix hommes arrivèrent sur les lieux et s'apprêtèrent à mettre la main sur Simon, celui-ci poussa un grand cri, et ses assaillants tombèrent par terre en se cassant les dents (218). Les vaillants hommes de Pharaon, ainsi que tout le peuple qui se trouvait autour de Joseph, s'enfuirent effrayés, mais seuls Joseph et son fils Manassé restèrent calmes et imperturbables. Manassé se leva, frappa Simon sur la nuque, lui mit des menottes aux mains et des entraves aux pieds, et le jeta en prison. Les frères de Joseph furent très étonnés de la force héroïque du jeune homme, et Simon dit: «Ce n'est pas un Égyptien qui a porté ce coup, c'est un homme de notre maison» (219).
Il fut lié et conduit en prison sous les yeux des autres frères de Joseph, mais dès qu'ils furent hors de vue, Joseph ordonna qu'on lui servît un bon repas et le traita avec beaucoup de bonté (220).
Joseph permit à ses neuf autres frères de partir, emportant avec eux du blé en abondance, mais il leur fit comprendre qu'ils devaient absolument revenir et amener leur plus jeune frère avec eux. En chemin, Lévi, qui se sentait seul sans son fidèle compagnon Simon, ouvrit son sac et aperçut l'argent qu'il avait payé pour le blé. Ils tremblèrent tous, le cœur leur manqua, et ils dirent: «Où est donc la bonté de Dieu envers nos pères Abraham, Isaac et Jacob, puisqu'il nous a livrés entre les mains du roi d'Égypte, pour qu'il porte contre nous de fausses accusations ? Juda répondit: «En vérité, nous sommes coupables à l'égard de notre frère, nous avons péché contre Dieu, en vendant notre frère, notre propre chair ; et pourquoi demandez-vous: Où est donc la bonté de Dieu envers nos pères ?»
Ruben s'exprima de la même manière: «Ne vous ai-je pas dit: Ne péchez pas contre l'enfant, mais vous n'avez pas voulu l'entendre. Et maintenant le Seigneur nous le demande. Comment pouvez-vous dire: Où est donc la bonté de Dieu envers nos pères, alors que vous avez péché contre lui ?
Ils reprirent le chemin de la maison, et leur père les rencontra en chemin. Jacob s'étonna de ne pas voir Simon avec eux, et, en réponse à ses questions, ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé en Égypte. Jacob s'écria: «Qu'avez-vous fait ? Je vous ai envoyé Joseph pour savoir si vous alliez bien, et vous avez dit: Une bête malfaisante l'a dévoré. Simon est sorti avec vous pour acheter du blé, et vous dites: Le roi d'Égypte l'a jeté en prison. Et maintenant vous emmenez Benjamin, et vous le faites mourir. Vous ferez descendre mes cheveux blancs dans la tombe, avec le chagrin.
Les paroles de Jacob, qu'il prononça: «C'est moi que vous avez privé de mes enfants», devaient signifier à ses fils qu'il les soupçonnait de la mort de Joseph et de la disparition de Simon, et qu'il considérait leurs rapports sur l'un et l'autre comme des inventions (222). Ce qui le rendait inconsolable, c'est que maintenant qu'il avait perdu deux de ses fils, il ne pouvait espérer voir s'accomplir la promesse divine d'être l'ancêtre de douze tribus (223) ; il était donc tout à fait résolu à ne pas laisser Benjamin partir avec ses frères, à quelque condition que ce soit, et il ne donna aucune réponse à Ruben lorsqu'il dit: «Tuez mes deux fils, si je ne vous l'amène pas». Il considéra qu'il était indigne de répondre à une telle baliverne (224): «Mon fils aîné, se dit-il, est décidément fou. Que me rapporterait de tuer ses deux fils ? Ne sait-il pas que ses fils sont également les miens ?» (225) Juda conseilla à ses frères de ne pas presser leur père; il consentirait, pensait-il, à tous les expédients qu'on trouverait nécessaires, dès que leur pain viendrait à manquer, et qu'un second voyage en Égypte s'imposerait (226).

( )
42,9 Joseph se souvint alors des songes qu’il avait eus à leur sujet. Il leur dit : “Vous êtes des espions ! C’est pour voir les secrets du pays que vous êtes venus.” ( ) 42,10 “Non, mon seigneur, répondirent-ils, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé et pouvoir manger. ( ) 42,11 Nous sommes tous fils d’un même père, nous disons la vérité. Tes serviteurs ne sont pas des espions.” ( ) 42,12 Il leur dit : “Non ! C’est pour voir les secrets du pays que vous êtes venus !” ( ) 42,13 Ils répondirent : “Tes serviteurs étaient douze frères, fils d’un même père en Canaan. Le plus petit est avec notre père en ce moment, et l’autre n’est plus.” ( )



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