Lecture d'un commentaire (9495)


Mt 26,36

Commentaire: Mais les hérétiques ne veulent entendre ces paroles: «Il commença à s'attrister et à s'affliger» que dans le sens qui assujettit le Fils de Dieu à la crainte de la mort, parce qu'ils affirment, d'ailleurs, qu'il n'est point né de toute éternité, et qu'il n'est point sorti de la substance infinie de son. Père, mais qu'il a été tiré du néant par le Créateur de toutes choses. Donc, ajoutent-ils, il a été accessible aux angoisses de la douleur, à la crainte de la mort, et, puisqu'il a pu craindre la mort, il a pu mourir; or, s'il a pu mourir, bien qu'il doive maintenant vivre éternellement, il n'est cependant point éternel par sa nais sance dans le passé. Nous leur répondrons que, si la foi leur avait donné l'intelligence des Évangiles, ils auraient appris que le Verbe était Dieu dès le commencement, qu'il était en Dieu dès le commencement, et que celui qui engendre, comme celui qui a été engendré, ont la même éternité. Mais si la chair qu'il a prise a pu vicier, par suite de l'infirmité qui lui est inhérente, la vertu de cette substance incorruptible, jusqu'à la soumettre aux atteintes de la douleur, aux agitations de la crainte, elle devra aussi être soumise à la corruption, et si cette substance éter nelle peut subir un changement qui l'assujettisse à la crainte, elle pourra perdre, dans un mo ment donné, les propriétés qu'elle possède aujourd'hui. Mais Dieu est toujours le même, sans qu'on puisse mesurer son existence, et il est de toute éternité tout ce qu'il est; rien donc en Dieu n'a pu être sujet à la mort, rien en lui n'a pu être accessible à la crainte.


Source: Saint Hilaire de Poitiers (Peronne-Vivès 1868)