Lecture d'un commentaire (8986)


Mt 24,6

Commentaire: Ou bien dans un autre sens, de même que les corps sont travaillés par la maladie avant de mourir, ainsi est-il nécessaire que la terre, tombant pour ainsi dire en langueur, soit ébranlée avant sa dissolution par des t remblements multipliés, que l'air, infecté de vapeurs pestilentiel les, exerce partout une influence mortelle, et que la vertu vivifiante de la terre venant à s'éteindre, les fruits soient étouffés dans leur germe, Or, la disette des vivres fera nécessairement tomber les hommes dans l'avarice, et les mettra aux prises les uns avec les autres. Mais comme les révoltes et les guerres ont tantôt pour cause l'avarice, tantôt l'ambition et l'amour de la vaine gloire, on peut donner une raison plus profonde encore de celles qui éclateront à la fin du monde. De même que l'avènement de Jésus-Christ fut une source de paix toute divine pour un grand nombre de nations, de même le débordement de l'iniquité, refroidissant la cha rité d'un grand nombre, sera cause que Dieu et son Christ les abandonneront; et l'on verra renaître les guerres, parce que la vertu des saints ne s'opposera plus au développement des causes qui sont comme une semence de dissensions. Les puissances ennemies, de leur côté, ne trouvant plus d'obstacles dans les saints et dans Jésus-Christ, exerceront librement leur puis sance sur les coeurs des hommes, et soulèveront les nations contre les nations, et les royaumes contre les royaumes. S'il est vrai, comme le pensent quelques-uns, que les famines et les pestes soient l'oeuvre des anges de Satan, ces fléaux ne feront que s'accroître sous l'action de ces puissances hostiles; car elle ne sera plus combattue par. les disciples de Jésus-Christ qui sont le sel de la terre et la lumière du monde, et qui étouffaient les germes semés par la malice du démon, comme autrefois les prières saintes ( 1S 12R 2,3-4,7 ) obtenaient la cessation des famines et des pestes que les péchés du peuple juif attiraient sur lui. Le Sauveur prédit avec raison que ces calamités arriveront en di vers lieux; car Dieu ne veut pas perdre tout d'un coup le genre humain, mais il ne lui fait éprouver que successivement les effets de sa justice, pour lui laisser le temps de se repentir. Or, si lorsque ces calamités se feront sentir les hommes n'en deviennent point meilleurs, elles iront toujours en augmentant: «Et toutes ces choses ne seront que le commencement des maux qui doivent suivre»,et qui feront souffrir aux impies les douleurs les plus aiguës.


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)