Lecture d'un commentaire (8554)


Mt 21,10

Commentaire: Disons tout d'abord que dans toute l'enceinte du temple auguste du Seigneur, où affluait une foule immense de Juifs venus de toutes les parties de la Judée, on immolait, d'après les préceptes de la loi, surtout aux jours de fêtes, une multitude innombrable de victimes, de taureaux, de béliers et de boucs. Les pauvres, pour ne pas rester sans sacrifice, offraient des petits de colombes et des tourterelles. Or, comme ceux qui venaient de loin, n'avaient pas de victimes, les prêtres cherchèrent les moyens d'exploiter la religion du peuple, en faisant commerce de tous les animaux nécessaires pour les sacrifices, d'abord pour les ven dre à ceux qui n'en avaient pas, et pour les reprendre ensuite à ceux qui les avaient achetés. Mais cet artifice, ou plutôt cette fraude qui s'exerçait en sens. contraire, était souvent rendue inutile par l'indigence de ceux qui arrivaient sans avoir de quoi fournir aux frais des sacrifices, et qui n'avaient ni victimes, ni argent pour en acheter. Ils établirent donc des comptoirs de changeurs qui prêtaient de l'argent sous caution. Mais la loi, défendant de prêter à usure, ils ne retiraient ainsi aucun avantage de leur argent prêté, et ils perdaient quelquefois le capital; ils eurent donc recours à un autre artifice; à la placé des changeurs, ils mirent des collybistes , terme dont la langue latine n'explique pas la propriété, le mot collybe signifie chez les Juifs ce que nous appelons desserts ou petites denrées, comme sont les pois chiches grillés, les raisins secs, les fruits de toute espèce. Ce nouveau genre d'usuriers, ne pouvant recevoir l'intérêt de leur prêt, recevaient à la place toute espèce de denrées, et ce qu'il leur était défendu de rece voir en argent, ils le recevaient en denrées qui s'achètent avec de l'argent, comme si le prophète Ezéchiel n'avait pas défendu formellement ce trafic: «Vous ne prêterez point à usure, et vous ne recevrez rien au delà de ce que vous avez prêté». Or, le Seigneur, voyant dans la maison de son Père, ce commerce illicite, ou plutôt ce brigan dage, poussé par une sainte ardeur, chasse du temple cette innombrable multitude.


Source: Saint Jérôme (Peronne-Vivès 1868)