Lecture d'un commentaire (7855)


Mt 15,32

Commentaire: Cette multitude, qui n'évenue que pour obtenir sa guérison, n'osait demander du pain; mais Jésus, qui est l'ami des hommes et qui prend soin de tous, leur en donne sans attendre qu'ils en demandent: «J'ai compassion de ce peuple, leur dit-il. Et pour qu'on ne puisse pas dire qu'ils avaient apporté leur nourriture avec eux, il ajoute: «Car voilà trois jours qu'ils demeurent continuellement avec moi et ils n'ont rien à man». Quand même ils auraient eu des vivres avec eux lorsqu'ils arrièrent, ils étaient déjà consommés; aussi ne fait-il pas ce miracle le premier ou le second jour, mais le troisième, alors que toutes les provisions étaient épuisées, afin que le sentiment du besoin leur fit recevoir avec un désir plus ardent le prodige qu'il allait opérer. Il fait voir qu'ils étaient ve nus de loin et qu'il ne leur restait plus rien en disant: «Je ne veux pas les renvoyer qu'ils n'aient mangé». Son intention est bien de les nourrir par un nouveau miracle; cependant il en diffère l'exécution, car il veut, par cette question et par la réponse qui doit la suivre, rendre ses disciples plus attentifs et les forcer à manifester leur foi, en lui demandant de faire une nouvelle multiplication des pains. Mais quoique Jésus-Christ eût réuni dans le premier miracle les cir constances qui devaient en rendre toujours présent le souvenir à leur esprit, comme de distri buer eux-mêmes le pain, de recueillir les restes dans les corbeilles, cependant leurs disétaient encore bien imparfaites, ainsi que le prouve la réponse qu'ils font à Jésus: «Comment pourrons-nous trouver», etc. Cette réponse, qui indique une foi faible, met cependant à l'abri de tout soupçon le miracle qui va s'opérer. Car, afin qu'on ne puisse supposer que les provi sions ont été apportées de quelque bourg voisin; le miracle se fait dans la solitude, à une grande distance de tout endroit habité. Cependant, le Sauveur, pour élever leur âme, leur adresse une question dont la nature seule doit leur rappeler le premier miracle: «Et Jésus leur dit: Combien avez-vous de pains? - Sept, lui dirent-ils». Mais ils n'ajoutent pas comme la première fois: «Qu'est-ce que cela pour un si grand nombre ?» Ils avaient fait quelques progrès, quoiqu'il y eût encore bien des choses qu'ils ne pussent comprendre. Admirez toutefois leur amour pour la vérité ils ne son gent pas, dans un récit dont ils sont les auteurs, à cacher leurs plus grands défauts; car ce n'est pas une accusation ordinaire, ce n'est pas une faute légère que l'oubli si rapide d'un aussi grand prodige. Admirez encore un autre trait de leur sagesse: comme ils savent dompter le besoin de la faim, et ne se préoccupent guère des soins de la nourriture. Ils sont dans le désert et ils y restent trois jours, n'ayant seulement avec eux que sept pains. Notre-Seigneur suit la même marche que pour le premier miracle: il fait asseoir la foule sur la terre et multiplie les pains dans les mains de ses dis: «Et il ordonna à la foule de s'asseoir», etc.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)