Lecture d'un commentaire (6261)


Mt 6,13

Commentaire: Quelles que soient les autres formules dont nous faisons usage avant ou après notre prière, comme expression ou comme aliment de notre piété, nous ne pouvons rien dire que ce que contient l'Oraison Dominicale, si notre prière est conforme à la règle que nous avons reçue. En disant à Dieu : « Faites éclater votre gloire parmi les nations, comme vous l'avez fait éclater parmi nous, » (Qo36) que disons-nous autre chose que : « Votre nom soit sanctifié ? » Cette prière : « Dirigez mes pas selon votre paro, » (Ps 118) ne ressemb-els pas à cel-ci : « Que votre volonté soit faite ? » Celui qui dit à Dieu : « Montrez-nous votre face et nous serons sauvés, » (Ps 79) fait à Dieu cette demande : « Que votre règne arrive. » Vous dites à Dieu : « Ne me donnez ni pauvreté ni richesse, » (Pv30) c'est lui dire équivamment : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. » Cette prière : « Souvenez-vous Seigneur de David et de toute sa douceur, (Ps 121) et cette autre : « Si j'ai rendu mal à ceux qui m'en ont fait, »(Ps 7) ne rentrent-els pas dans cel-ci : « Remettez-nous nos dettes, comme nous s remettons à ceux qui nous doivent ? » Dire à Dieu : « Éloignez de mon coeur s désirs de impureté, » (Qo 23) n'est-ce pas lui dire : « Ne nous induisez pas en tentation ? » Enfin ces paros : « Délivrez-moi de mes ennemis, » (Ps 58) ne reviennent-elles pas à celles-ci : « Délivrez-nous du mal ? » Et si vous examinez en détail toutes les prières dictées par l'Esprit saint, vous n'y trouverez rien qui ne soit contenu dans l'Oraison dominicale. Toute prière en effet qui ne se rapporte pas à cette prière évangélique, est une prière inspirée par la chair, et que j'ose appeler coupable, puisque le Seigneur a enseigné à ceux qui sont régénérés à ne prier qu'en esprit. Celui-là donc qui dans la prière dit à Dieu : « Seigneur, multipliez mes richesses, augmentez mes honneurs, et qui le dit dans un sentiment de pure convoitise, sans se proposer le bien spirituel que les hommes pourraient en retirer, ne trouvera certainement rien dans l'Oraison dominicale qui puisse appuyer sa demande. Qu'il rougisse donc au moins de demander ce qu'il ne rougit pas de désirer ; ou si la passion l'emporte sur la honte qu'il éprouve, la meilleure prière qu'il puisse faire c'est d'être affranchi de ce mal de la cupidité par celui à qui nous disons : « Délivrez-nous du mal. »


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)