Lecture d'un commentaire (5581)


Mt 3,11

Commentaire: L'aire c'est l'Église ; le grenier, le royaume du ciel ; le champ, le monde. Le Seigneur en envoyant comme des moissonneurs ses apôtres et les autres prédicateurs, a retranché du monde toutes les nations, et les a réunies dans l'aire de son Église. C'est là que nous devons être battus, vannés, comme le blé. Or tous les hommes se plaisent dans les jouissances charnelles comme le grain dans la paille ; mais le chrétien fidèle, et dont le fond du coeur est bon, à la plus légère atteinte de la tribulation laisse là les plaisirs des sens et court se jeter dans les bras du Seigneur ; au contraire, celui dont la foi est médiocre le fait à peine sous le poids de grandes tribulations. Pour l'infidèle qui est absolument dénué de foi, quelque grandes que soient ses épreuves, il ne pense pas à recourir à Dieu. Lorsque le grain a été battu, il est étendu sur l'aire, confondu avec la paille, et on a besoin de le vanner pour l'en séparer. C'est ainsi que dans une seule et même Église les fidèles sont confondus avec les infidèles. Or la persécution s'élève comme un souffle violent, afin que le van du Christ, en les agitant fortement, sépare entièrement ceux qui étaient déjà séparés par leurs oeuvres. Et remarquez qu'il ne dit pas simplement : Il nettoiera son aire, mais il la nettoiera parfaitement ; car il faut que l'Église soit éprouvée de mille manières avant d'être entièrement purifiée. Les Juifs sont les premiers qui l'ont pour ainsi dire vannée, puis sont venus les Gentils, et après eux les hérétiques ; l'Antéchrist viendra en dernier lieu. Lorsque le souffle du vent est faible, tout le grain n'est pas vanné ; il n'y a que les pailles les plus légères qui soient secouées, les plus pesantes restent sur l'aire. Ainsi qu'une légère tentation vienne à souffler, les plus mauvais seuls se retirent ; mais qu'une violente tempête s'élève, on voit disparaître ceux qui paraissaient les plus stables ; c'est pourquoi les grandes épreuves sont nécessaires à l'Église pour la purifier entièrement.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)