Lecture d'un commentaire (5031)


Ex 12,12

Commentaire: J'exercerai ma justice sur tous les dieux des Égyptiens, moi le Seigneur: l'objectif des 10 plaies d'Egypte est bien en fin de compte de démonter tous les ressorts de la religion egyptienne et d'ôter à cette civilisation son prétendu droit imprescriptible à l'hégémonisme de droit divin et à sa mainmise sur les hébreux. Le choix du moment de la baignade de Pharaon (plaies 1,4,7) - voir commentaire en Ex 7,15 - était déjà une première indication. Lors de la 5è plaie, le bétail égyptien est décimé tandis que le bétail d'Israël est intact: véritable camouflet pour le culte sacré qu'en faisaient les égyptiens. Avec les pustules de la 6è plaie, les mages égyptiens sont à leur tour touchés dans leur chair et mis hors d'état de nuire, incapables malgré leurs pouvoirs apotropaïques de se prémunir des plaies annoncées par Moïse. Nous verrons d'ailleurs qu'à partir de la 7è plaie, ce ne sont plus les mages mais des conseillers qui sont auprès de Pharaon...
Les quatre dernières plaies proviennent du ciel, où est censé régner Ré, l'instance divine suprême. La grêle qui tombe du ciel achève les restes du bétail égyptien et met fin à l'obstination des incrédules qui avaient laissé leur bêtes dehors et qui les ont perdues. C'est la première fois que Pharaon reconnaît sa culpabilité (Ex 9,27). Les sauterelles viennent du ciel, tout comme les ténèbres, qui durent trois jours. Ces ténèbres sont une atteinte directe au dieu Ré.
Pharaon consent alors au départ des hébreux avec leurs enfants, mais il tente de retenir le bétail, dont l'offrande par les hebreux constitue pour l'Egypte un intolérable sacrilège. C'est à l'occasion de ce sacrifice de l'Agneau Pascal que se produit la dixième plaie. La mort des premiers-nés constitue sans aucun doute le point d'orgue de l'épreuve de force entre les dieux que met en scène le récit biblique. Très sélective, elle ne peut être rapprochée d'un quelconque cataclysme naturel.
La répartition en trois groupes des dix plaies (1 à 3, 4 à 6, 7 à 10) par Rabbi Yehouda peut correspondre aussi à une gradation des trois domaines assignés aux divinités egyptiennes: l'eau - la terre - le ciel.


Source: La Haggada, Rivon Krygier