Lecture d'un commentaire (4906)


Ph 1,1

Commentaire: Cette lettre, nul ne le conteste, a été écrite par Paul dont elle porte le sceau, dans sa forme et son fond. Son unité a cependant été discutée, et elle pourrait regrouper des textes différents: remerciements pour un don reçu, appel à l’unité, polémique contre les ennemis de la croix du messie.
La ville de Philippes, en Macédoine, avait reçu la visite de l’apôtre à plusieurs reprises (voir Ac 16,13-15 et Ac 20,1-6). Paul n’hésite donc pas à s’épancher personnellement auprès de correspondants qu’il connaît et qu’il aime. Voici le plan de ce texte:

I. Salutations et introduction (Ph 1,1-11).
II. Réactions à la captivité de Paul (Ph 1,12-26).
III. Être digne de l’Annonce (1,27-2,18).
IV. Projets d’avenir (Ph 2,19-30).
V. La voie du salut (Ph 3,1-21).
VI. Ultimes exhortations et salutations finales (Ph 4,1-23).

Il reprend un thème courant en Israël: souffrir la persécution et le martyre est insigne grâce. Polémiste ardent, Paul emploie toutes les ressources de son génie à stigmatiser les ennemis de la croix du messie (Ph 3,18). Cette expression a suscité de nombreux commentaires. On ne saurait en comprendre le sens sans penser aussi à ce que signifie la croix pour Paul et ses contemporains: non pas le symbole de l’Église triomphante, bien évidemment, mais un instrument de torture. Iéshoua‘, vaincu sur terre, habite déjà le ciel où il accueille ses adeptes en attendant de les établir dans le royaume sans frontière de IHVH-Adonaï: jusque-là chacun doit persévérer dans la foi, dans la joie du salut. Le motif de la joie parcourt ainsi toute cette lettre dont elle constitue l’un des thèmes les plus émouvants, avec celui de l’universelle gloire du messie que chante l’hymne christologique (Ph 2,6-11). Trois hypothèses ont été avancées pour fixer le lieu de rédaction de cette lettre: Rome, où Paul fut prisonnier à partir de 60, Césarée, où il fut incarcéré vers 58-60, ou enfin mais moins probablement, Éphèse, où il fit de tumultueux séjours vers 55-57. Le prisonnier qui l’écrit est un captif et sa pensée, de celles qui se signent par le sang.


Source: Chouraqui