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Sg 1,1

Commentaire: L’auteur se présente comme étant Shelomo (Salomon) en personne, et c’est à ce titre qu’il s’adresse en premier lieu aux grands de ce monde et les exhorte à vivre en conformité avec la sagesse. Mais il s’agit là d’une fiction littéraire; aussi le livre a-t-il été classé parmi les pseudépigraphes. En fait, l’auteur est un Juif alexandrin, un sage et un fin lettré. Son oeuvre ne peut pas remonter au-delà de l’an 50 avant l’ère chrétienne; certains croient même qu’elle est contemporaine du règne de Caligula (37-41) ou même de celui de Claude (41-54).
L’auteur se fonde sur l’héritage intellectuel de Platon, d’Aristote et des stoïciens pour donner une consistance rationnelle à la pensée hébraïque. À partir du chapitre Sg 10, les thèmes proposés sont franchement bibliques: l’histoire prodigieuse du peuple d’Israël, la sortie d’Égypte et les miracles qui l’ont précédée, la lutte contre l’idolâtrie. Mais la langue et la tournure d’esprit de l’auteur sont tout à fait hellénistiques. L’importance du livre vient de ce qu’il se situe à un carrefour central de l’histoire humaine, entre Platon et Plotin, entre la Bible et le Talmud.
La première partie décrit en profondeur la nature et les effets de la sagesse; la seconde est construite sur le modèle d’une savante synkrisis (comparaison). C’est une série d’antithèses destinées à montrer que les Égyptiens ont été punis « mesure pour mesure », alors que les Hébreux ont été favorisés au milieu même des maux qui frappaient leurs oppresseurs. À ce schéma s’ajoute en contrepoint les brèves épreuves auxquelles les seconds ont été eux-mêmes soumis pour des raisons d’ordre pédagogique.


Source: Chouraqui