Lecture d'un commentaire (4878)


1M 1,1

Commentaire: La Bible hébraïque comprend plusieurs ouvrages divisés en deux livres: Samuel, Rois, Paroles des Jours ou Chroniques. Cette division est tardive et artificielle: chacun de ces ouvrages formait à l’origine un tout. Il n’en va pas de même pour les deux livres des Hashmonaîm: il s’agit ici de deux oeuvres fort différentes, quoique recouvrant partiellement une même période de l’histoire d’Israël. Le premier a été écrit en hébreu, mais n’est conservé qu’en grec; le second a été rédigé dans cette dernière langue. Le style, l’esprit, les intentions des auteurs diffèrent considérablement de l’un à l’autre.
Leur titre original n’est pas connu. Dans la plupart des Bibles, on les appelle Maccabées, du surnom (Maqabi, « Marteau », « Martel » ?) donné à Iehouda (Judas), principal héros de la révolte contre la domination grecque et la volonté d’helléniser les Hébreux. Comme l’histoire racontée par ces livres dépasse le cadre de la biographie de ce personnage, mieux vaut les appeler Hashmonaîm (Hasmonéens ou Asmonéens), comme en hébreu, du nom de sa famille et de la dynastie sacerdotale qui gouverna Israël à partir de la libération.
Le premier livre fait le récit d’événements qui remplissent en gros une période de quarante ans, depuis l’avènement d’Antiochus IV Épiphane (175) jusqu’à la mort de Shim‘ôn (134). Il décrit avant tout les combats menés pour la libération d’Israël, alors sous la domination des rois Séleucides de Syrie. L’admiration de l’auteur pour Rome (1M 8) ne se comprend qu’avant la conquête réalisée par Pompée en 63 avant l’ère chrétienne. On pense que l’ouvrage a dû être composé vers l’année 100 et traduit peu après.
Plutôt qu’une chronique, le second livre est un opuscule liturgique destiné aux synagogues de la diaspora, tout comme le rouleau d’Èstér. Il s’étend longuement sur des récits de martyre: celui d’Èl‘azar (1M 6,18-31), celui des sept frères et de leur mère (1M 7), le suicide pour motif religieux de Razis (1M 14,37-46). On y trouve aussi les éléments d’une théologie systématique: Dieu est créateur (1M 7,23); il n’a besoin de rien (1M 14,35); il est transcendant (hypsistos), Seigneur des esprits (1M 3,24). Les messagers ou anges sont présents, mais l’espérance messianique n’est évoquée qu’en 1M 1,27-29. Un des thèmes majeurs est celui de la résurrection des morts et des prières à faire pour eux (1M 12,44-45). L’importance du Temple est soulignée (1M 3,12), en fonction de l’éminence du peuple élu au centre duquel habite IHVH-Adonaï.


Source: Chouraqui