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Jdt 1,1

Commentaire: Dès l’abord, l’histoire de Iehoudit (Judith, la « Juive ») soulève des problèmes insolubles. Les données qu’elle renferme sont parfois contradictoires et constituent souvent d’évidents anachronismes. Il s’agit en fait d’une sorte de roman a clés destiné à remonter le courage des Hébreux exilés, tout en évitant de provoquer des représailles de la part des autorités perses.
Peut-on se faire une idée des événements auxquels pourraient malgré tout se référer le récit ? Il doit s’agir d’une grande révolte contre quelque satrape de l’empire perse. L’histoire en connaît plusieurs. Celle qui conviendrait le mieux pour expliquer l’origine de notre livre eut lieu sous Artaxerxès II Mnémon en 366; Diodore de Sicile (XV, 90-92) en a fait un récit détaillé. Le livre de Iehoudit ne cite explicitement aucun livre biblique, mais il est clairement influencé par la grande littérature ancienne d’Israël. Les prières qui s’y trouvent sont rédigées dans le style des Psaumes. L’héroïne ressemble à d’autres femmes célèbres de l’histoire d’Israël: Miriâm, Debora, Iaël. Comme Èstér, elle joue un rôle capital dans le salut de son peuple.
L’ouvrage a très probablement été écrit en hébreu, mais il n’est conservé qu’en grec. Le texte original a été perdu relativement tôt; ni Origène, ni Jérôme ne l’ont connu. Le second a traduit Judith en latin à partir d’un texte araméen qui était peut-être plus proche de l’original que la version grecque.


Source: Chouraqui