Lecture d'un commentaire (4532)


Rm 13,1

Commentaire: Dans le monde où vivait Paul, beaucoup cherchaient dans la religion une évasion de leurs tâches familiales et de leurs devoirs sociaux (voir 2Thessaloniciens 3.6-12). Paul insiste sur l’aspect “mystique” de la vie chrétienne, mais il ne veut absolument pas d’une telle évasion, si contraire à toute sa formation biblique. Il va donc insister sur l’obéissance civique, dans le contexte d’une société qui était fort loin de nos actuelles démocraties. Ce texte a été défiguré dans le passé par les régimes autoritaires qui, ayant imposé leur loi par la violence, voulaient ensuite être obéis comme s’ils étaient les serviteurs obligés de Dieu et du bien public. Il est encore défiguré aujourd’hui en bien des pays, colonies inavouées de grands pays impérialistes ; des services omnipotents se chargent d’y envoyer des prédicateurs qui inviteront les chrétiens à se taire devant l’injustice et le pillage économique, prenant argument de ce paragraphe. Il est bien vrai qu’en un sens ceux qui ont une charge sont des agents de Dieu et tiennent de lui leur autorité. Mais n’est-il pas dit aussi dans la Bible que le diable donne le pouvoir à ceux qui le servent (Luc 4.5-7 ; Apocalypse 13.6-9 ; Jean 12.31 et 14.30) ? Paul et ses lecteurs vivaient dans un monde où presque personne ne mettait en doute la légitimité de l’autorité romaine. Et comme il n’existe, ni bien commun, ni paix, sans autorité et obéissance, Paul déclare que l’obéissance aux autorités établies vient de Dieu. Quand il parle de ceux qui résistent à l’autorité, il pense à ceux qui veulent imposer leurs intérêts ou l’intérêt du groupe. Ce qu’il refuse, c’est une attitude asociale, un point que rappelleront 1Pierre 2.13 et Tite 3.1 lorsque les chrétiens commenceront d’éveiller la méfiance des autorités. Personne ne peut utiliser ces paroles pour condamner ceux qui résistent par motif de conscience. De toute façon, le chrétien ne soumet sa conscience qu’au Christ. Quand les autorités exigent quelque chose qui va contre la vérité et la justice, les chrétiens résistent comme leur conscience le leur suggère, prêts à endurer la répression prévue par les lois humaines et même prêts à donner leur vie. La plupart des martyrs que l’Église honore aujourd’hui ont été condamnés à leur époque comme subversifs et ennemis de l’ordre social.


Source: Bible des peuples