Lecture d'un commentaire (4510)


Rm 9,14

Commentaire: Dans ce paragraphe Paul sent venir l’objection : Si Dieu appelle qui il veut, sommes-nous vraiment libres de croire (v. 19) ? Cela est et restera toujours un mystère. Paul ne prétend pas l’expliquer, il se contente de réaffirmer que Dieu accorde à qui il veut la grâce de venir au Christ (voir Jean 6.44). Mais l’expérience de sa propre conversion, où Dieu a pris de force sa liberté, comme il fait avec les grands prophètes, l’amène à utiliser des mots très forts et qui semblent nier notre liberté, surtout le v. 22 qu’on pourrait traduire plus durement que nous ne l’avons fait : “Si Dieu a supporté des vases dignes de châtiment, préparés pour être détruits”. À ce sujet on peut faire deux remarques : Paul utilise des textes d’Ancien Testament où Dieu parle de sauver ou détruire le peuple d’Israël (v. 27), d’aimer Israël en lui donnant une belle terre, et de donner une mauvaise terre au peuple d’Ésaü ou Édom (v. 13), d’endurcir le caractère de Pharaon pour l’amener à un désastre (v. 17). Ce sont des problèmes d’échec ou de salut historique, et Paul se sert de ces textes pour éclairer un fait historique : le peuple juif dans son ensemble n’a pas reconnu le Christ. On ne peut pas en tirer trop vite des conclusions sur la responsabilité de ceux qui croient ou ne croient pas. Et on ne ferait qu’augmenter la confusion si on voulait appliquer le texte, comme l’ont fait certains, à ceux qui iront au ciel et à ceux qui seront condamnés. Paul n’avait sûrement pas en tête cette question. Connaître le Christ est une grâce que Dieu donne à qui il veut, mais il en donne certainement d’autres pour que les hommes soient sauvés même sans la connaissance du Christ. Deuxième remarque : Tous les orateurs, même Paul, disent à l’occasion des paroles un peu excessives qu’ils rectifieront par la suite en montrant d’autres aspects de la réalité. Sachons regarder d’autres paroles de l’Écriture qui rétablissent l’équilibre. Si Dieu nous appelle à des relations d’amour et de fidélité avec lui (Osée 2.21), c’est précisément parce que nous sommes libres et responsables (Siracide 15.14). Si Dieu destinait quelqu’un à l’enfer, comment pourrait-il l’appeler et lui demander de vivre une vie sainte ? Ce serait la plus cruelle des plaisanteries, et on voit mal Jésus se prêtant à ce jeu.


Source: Bible des peuples