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Jr 37,1

Commentaire: JÉRÉMIE ÉTAIT-IL UN TRAÎTRE ? Comme l’attitude de Jérémie est étrange dans cette guerre où les Juifs défendent leur indépendance jusqu’à la mort ! Jérémie menace ses compatriotes, et non pas les Kaldéens en qui il voit l’instrument de Dieu. Jérémie conseille de se rendre et de se soumettre à la puissance ennemie. Il va jusqu’à inviter les Juifs exilés à travailler à la prospérité de leurs conquérants. Et nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’erreurs de la part du prophète puisque son attitude est inséparable de son message. Deux raisons expliquent la position de Jérémie : — D’une part, les nationalistes juifs ne savent pas ce que Dieu veut faire avec Israël dans l’avenir. Ils ne voient que la défaite et la servitude, et ils préfèrent lutter jusqu’à la mort. Jérémie, par contre, connaît l’avenir extraordinaire que Yahvé réserve à Israël. Israël porte l’espoir du monde futur et ne doit donc pas disparaître dans un combat sans espoir. — D’autre part, les dirigeants juifs ne regardent qu’aux apparences de la liberté et du patriotisme. Il leur semble que tout est perdu s’ils se soumettent à une autorité étrangère. Jérémie au contraire voit le cœur des hommes. Être Juif signifie préserver l’idéal et la raison de vivre d’Israël ; être libre signifie ne servir que Yahvé. Donc, pour Jérémie, l’important est que ses compatriotes ne se laissent pas contaminer par les dieux et les fausses valeurs des Kaldéens : en comparaison, la soumission à un maître kaldéen est un moindre mal. D’ailleurs, Jérémie partage les idées exprimées dans le livre des Juges en particulier : si les Israélites préservent leur foi et observent la Loi, tôt ou tard ils retrouveront leur indépendance et reviendront dans leur patrie. En termes modernes, la pensée de Jérémie pourrait se résumer ainsi : — Ne pas s’entêter à lutter pour des causes ou des institutions qui ne correspondent plus à un monde ayant connu des changements irréversibles et dans lequel Dieu nous appelle à une mission différente. — Savoir que la véritable indépendance d’un peuple est son indépendance morale et culturelle. Il serait tragique que ses enfants, éblouis par un mode de vie étranger, sacrifient leurs valeurs morales traditionnelles pour adopter une culture et des méthodes de développement imposées du dehors.


Source: Bible des peuples