Lecture d'un commentaire (4095)


Jos 6,1

Commentaire: La conquête commence avec la prise de Jéricho. Jéricho est vouée à l’anathème : mise à part pour Dieu. Le peuple renonce au butin, livre les profits au trésor de Yahvé et tue tous les êtres vivants au lieu de prendre les animaux et de réduire les hommes en esclavage. Ce même terme “anathème” s’emploiera plus tard pour parler de quelqu’un qui est maudit par Dieu (voir Romains 9.3). C’était une pratique courante de certains peuples : ici, en détruisant tout ce qui est cananéen, Israël se garde d’adopter la culture et le matérialisme des Cananéens. Le lecteur moderne est scandalisé : comment Dieu a-t-il pu ordonner une telle guerre ? Et comment Josué a-t-il pu croire qu’il plaisait à Dieu en massacrant tous les habitants y compris les bébés ? Mais il faut tenir compte du temps de la conquête et de la date où l’on a rédigé ce livre. La conquête a eu lieu au treizième siècle avant Jésus-Christ. Nous avons du mal à comprendre la mentalité de cette époque. En Canaan, on brûlait encore les bébés sacrifiés aux dieux païens. En Assyrie, les prisonniers étaient écorchés vifs. Israël s’est imposé en Palestine par la force, comme tous les peuples nomades du monde. Dieu commençait l’instruction de son peuple : il ne pouvait pas vouloir qu’il soit instruit avant d’avoir commencé. Les sanglantes victoires étaient une étape nécessaire sur le chemin conduisant à la conscience nationale. De même, nous ne pouvons pas aujourd’hui, au nom de la paix, mépriser les héros des guerres du passé. D’autre part, ce livre a été écrit au septième siècle avant Jésus-Christ dans le petit royaume de Juda, entouré de puissants voisins avec lesquels il essayait de vivre en paix. C’est alors qu’on a amplifié les récits des victoires passées (comparer 2Samuel 12.31 écrit par des contemporains des événements et 1Chroniques 20.2 écrit quatre siècles plus tard). L’auteur voulait montrer à ses contemporains qu’ils n’avaient rien à craindre, puisque Dieu était avec eux. En exagérant le massacre des Cananéens, il voulait dire à ses compatriotes : n’acceptez aucune des pratiques païennes, préservez la semence sacrée, la foi d’Israël. Toute cette imagerie sanglante veut nous dire : si le peuple de Dieu possède l’unique espérance du monde, aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de la préserver. L’Évangile n’est pas moins tranchant que le glaive de Josué, il n’est pas moins indulgent pour nos idoles et nos peurs, même quand il refuse la violence et, bien entendu, le fanatisme de ces temps primitifs. Par ailleurs, quand nous lisons que “Yahvé ordonna l’anathème”, nous ne devons pas penser que c’était une intervention spéciale de Dieu (voir commentaire de Genèse*16). Ces paroles veulent simplement dire que quand Josué décidait l’anathème, il évitait à Israël ce qui était le plus contraire au plan de Dieu : l’idolâtrie. Les Israélites agissaient en cela comme un peuple qui ne connaît pas encore la valeur de la vie humaine.


Source: Bible des peuples