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He 3,1

Commentaire: 3.1 LE CHRIST PRÊTRE
Jésus, le grand prêtre de notre foi commune. Voici la première mention de Jésus prêtre dans le Nouveau Testament. Les Actes nous montrent que dès les jours de la Pentecôte la foi des apôtres incluait l’origine divine de Jésus. Dès ces premiers jours il était le Seigneur. Mais le vocabulaire et le langage n’étaient pas encore prêts pour le situer dans le mystère du Dieu unique, et pas davantage pour exprimer pleinement son rôle dans l’histoire du salut. Le rôle attribué à Jésus dans sa gloire céleste n’était pas sans rapport avec celui du grand prêtre qui chaque année entrait dans le Sanctuaire pour faire l’expiation des péchés de son peuple. Mais il aurait été plus naturel encore d’évoquer la glorification de Joseph, sauveur de ses frères après avoir été vendu par eux (Genèse 50.19-20). Il ne serait venu à l’idée de personne de parler du sacerdoce du Christ. Ce mot était intimement lié au culte du temple et c’était la fonction particulière de la tribu de Lévi. Jésus et les apôtres ne faisaient sûrement pas beaucoup appel au ministère des prêtres ; lui-même se situait dans la ligne des pharisiens pour lesquels le culte était l’expression la plus haute de la louange d’Israël mais n’entrait que fort peu dans le système des actions méritoires auxquelles les personnes justes doivent se consacrer. Cependant le vocabulaire religieux de ses contemporains avait accueilli l’idée des offrandes “spirituelles” et de l’offrande de louange. On y incluait toutes les actions bonnes et la pratique des commandements (Siracide 35.1-3 ; Psaume 51(50).19 ; 107(106).22). Les chrétiens ne pouvaient que s’engager dans cette voie, mais en mettant l’accent sur les dispositions intérieures plus que sur les pratiques, comme Jésus l’avait fait dans le Sermon sur la Montagne. Les lettres apostoliques parlent donc de l’offrande de la foi (Philippiens 2.17), des offrandes agréables à Dieu (Hébreux 13.16), des sacrifices spirituels offerts par le chrétien (1Pierre 2.5). Paul ira plus loin : offrez à Dieu votre propre personne comme une victime vivante et salutaire (Rm 12.1). Trois nouveautés cependant vont apparaître : l’eucharistie sacrifice, les chrétiens, caste sacerdotale, et le Christ prêtre. L’Eucharistie sacrifice. Le fait qu’une bonne part des sacrifices aussi bien grecs que juifs était suivie d’un banquet de communion, permet à Paul de présenter l’Eucharistie comme le sacrifice propre des chrétiens (1Corinthiens 10.14). Le titre de caste sacerdotale est attribué au peuple chrétien en 1Pierre 2.5 et 9. Pierre ne fait qu’attribuer aux élus de la foi la déclaration divine du Sinaï faisant d’Israël un peuple sacerdotal, et il se réfère clairement à Exode 19.6. Ce texte de l’Exode ne prétendait pas faire de tous les Israélites des prêtres au petit pied : il soulignait leur privilège de pouvoir appeler Dieu par son nom et d’avoir reçu sa révélation. Pierre ajoute ce qui est essentiel pour le chrétien : une relation personnelle avec le Dieu et Père de Jésus, grâce à laquelle tout acte d’obéissance et d’amour devient offrande spirituelle. Le Christ prêtre, c’est la perspective que la lettre aux Hébreux va longuement exposer dans toute la suite de cette lettre. On pourrait dire qu’à la veille de la destruction du temple de Jérusalem, laquelle va mettre fin au culte de l’Ancien Testament, l’auteur fait l’éloge prophétique du nouveau culte qui déjà remplace, et remplacera jusqu’à la fin des temps le culte du Temple : le nouveau temple est la personne de Jésus ressuscité. La longue description de la liturgie périmée (Hébreux 8.13) et le dévoilement des figures qu’elle contenait nous montrent le Christ présent aux côtés de Dieu tout au long de l’histoire pour réconcilier le monde avec Dieu. En 2Corinthiens 5.16-21, Paul présentait les apôtres comme les messagers de la réconciliation ; ici nous voyons le lieu où s’accomplit cette réconciliation. Tout se déroule dans le mystère du Fils fait homme, grâce à l’offrande volontaire qu’il a faite de lui-même (Hébreux 9.14) alors qu’il était dans la chair (Hébreux 5.7 ; 10.20). Cette offrande lui permet d’être désormais notre intercesseur (et un peu plus ou beaucoup plus qu’un intercesseur) dans le mystère de Dieu. Ce que l’auteur dit à propos du sang, du sanctuaire céleste, de l’eau de purification, du passage à travers le voile, doit être considéré comme une prophétie. Ces images nous permettent de saisir comment s’exerce aujourd’hui la maîtrise du Christ Seigneur aussi bien sur notre histoire que sur le cheminement de nos vies à travers le péché, la souffrance et la réconciliation. On est donc passé du Christ victime, comme l’affirment Pierre (1Pierre 1.19) et Jean (1Jean 2.2 ; 1Jean 4.10) à l’affirmation du Christ prêtre, laquelle se retrouvera implicitement en Jean 17.19. Mais ce serait une tâche malaisée que de vouloir construire à partir de ces éléments une théologie du sacerdoce destinée avant tout aux “prêtres” d’aujourd’hui sans pour autant mépriser les laïcs. Le commentaire du chapitre 9 reviendra sur les confusions qui sont nées de l’identification des presbytres (ou anciens) et des sacerdotes, devenus en français des prêtres.


Source: Bible des peuples