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Is 52,13

Commentaire: C’est le quatrième et dernier chant du Serviteur de Yahvé ; c’est ici que le prophète connu comme le “deuxième Isaïe” livre tout son message, et c’est peut-être le dernier mot de l’Ancien Testament en fait de Rédemption. Ç’avait été une grosse épreuve pour la foi quand le peuple de Dieu avait été détruit, en même temps que la Ville Sainte et le Temple. Car si Yahvé n’était pas le Dieu qui sauve, il n’était plus rien. Et jusqu’au bout on avait compté sur un miracle. Mais ici le prophète révèle un autre visage de Dieu et ouvre pour Israël d’autres perspectives que de rentrer en Terre promise pour y restaurer l’ancien royaume. Dieu sauve le monde ; il le sauve grâce à ceux qu’il aime ; il sauve le monde en se servant de ses humiliations. Il fallait donc qu’Israël soit la victime, et si Dieu envoie un Sauveur, il sera, lui, la victime. Depuis des milliers d’années, les hommes avaient coutume de sacrifier des animaux — et parfois des êtres humains. C’était une façon de se décharger sur eux de leurs propres fautes tout autant que des mauvais coups du sort. Mais ces sacrifices, ou cette élimination de ceux que l’on rendait responsables de la colère de Dieu ne brisaient pas le cycle de la violence. Ici nous avons la réponse de Dieu à nos péchés : il nous sauve par la souffrance des innocents et plus encore par le sacrifice volontaire de celui qui accepte de prendre sur lui le péché du monde. En écrivant ces lignes, le prophète pense au petit groupe de Juifs fidèles exilés à Babylone : ils étaient méprisés. Ils n’avaient pourtant pas mérité cette humiliation par leurs propres péchés : ils portaient le péché du monde violent et irresponsable dans lequel ils vivaient. Ces croyants étaient punis pour les crimes de leur peuple, Israël. Cependant, Dieu allait faire d’eux le germe d’un peuple saint : il verra une descendance, ses jours seront prolongés. Cette merveille de Dieu allait surpasser toutes les autres et, les rois, en la voyant, seraient émerveillés. Ce chant est fait pour nous émerveiller aussi. Le prophète qui l’écrivait cinq siècles avant le Christ se référait apparemment à l’humiliation du peuple de Dieu qui, à cette époque comme aujourd’hui, est l’instrument du salut ; mais ce poème traçait d’avance l’image de Dieu fait homme qui s’abaisse jusqu’à mourir sur la croix. Quand nous lisons la Passion du Christ dans l’évangile, nous nous rendons compte que les évangélistes étaient frappés par la ressemblance entre le jugement et la mort de Jésus et ce que le prophète avait annoncé. En présentant Jésus, les apôtres se rapportent plusieurs fois à ce texte : Actes 8.32 ; 1Pierre 2.24. Qui pouvait croire ce que nous venons d’apprendre ? Comment ceux qui entendent Pierre, Paul ou Jean vont-ils accepter leur proclamation d’un sauveur crucifié ? Voir Jean 12.38 ; 1Corinthiens 1.22 ; Romains 10.16. Et de nos jours, peut-être que beaucoup de chrétiens ne comprennent pas ce qui se passe dans le monde lorsque meurent tant d’innocents et pourquoi les chrétiens tout spécialement sont persécutés. S’il offre sa vie en sacrifice de pardon. Plusieurs passages de la Bible nous invitent à prendre la même attitude quand nous souffrons injustement (1Pierre 1.20 ; 4.13). Mais seul le Christ remplit cette mission de rédemption du commencement à la fin de sa vie (Hébreux 10 ; Jean 2.29 ; Romains 5.6). Mon serviteur fera une multitude de justes : justes au sens biblique, c’est-à-dire droits au regard de Dieu. Jésus fait allusion à ce texte au cours de la Cène : “Mon sang répandu pour une multitude”, c’est-à-dire, au sens hébraïque : pour la masse (Marc 14.24). Il nous fait savoir que sa mort est le sacrifice volontaire et parfait prédit dans ce chant.


Source: Bible des peuples