Lecture d'un commentaire (3581)


Is 11,1

Commentaire: Nous voyons dans l’évangile que les Juifs du temps de Jésus attendaient un Messie, ce qui n’avait pas toujours été le cas. D’Abraham à David, les Israélites avaient attendu la terre promise par Dieu et ils en avaient fait la conquête. Après David, ils ont pensé qu’aucun roi ne pourrait être meilleur que lui et, au cours des deux siècles et demi suivants, ils ont souhaité que leurs rois présents et futurs ressemblent à David. La promesse que Dieu avait faite à David au sujet de ses descendants (2Samuel 7.14) ne se comprenait pas alors comme l’annonce d’un Messie futur. Isaïe est le premier à annoncer un Messie, c’est-à-dire un roi “consacré” par Dieu (c’est le sens du mot Messie, ou Christ), comme David, mais supérieur à lui. Ici, il est présenté comme un rameau sortant du tronc après que l’arbre a été coupé. Ainsi, Isaïe suggère que les rois actuels, pécheurs et sans grande foi, vont être éliminés. Plutôt qu’un descendant de David, Emmanuel sera un nouveau David (on l’appellera fils de Jessé comme l’était David). L’Esprit de Yahvé reposera sur lui, comme sur les prophètes, mais davantage que sur eux. Les prophètes étaient inspirés par cette force mystérieuse appelée “Esprit de Dieu”, mais pas constamment. En revanche, l’Esprit sera toujours avec lui : — esprit de sagesse et d’intelligence comme pour Salomon, — esprit de prudence et de force comme pour David, — esprit de connaissance et de crainte de Yahvé comme pour Moïse et les patriarches. Faire justice aux humbles était et continue d’être le premier rôle des gouvernants. Le Messie-Roi sera l’envoyé de Dieu, attentif aux pauvres : il doit recevoir “l’Esprit”, le souffle de Dieu pour cette mission. Nous ne devons pas opposer la construction d’un monde plus juste à l’apostolat spirituel, comme si les croyants devaient laisser à d’autres la tâche de construire un monde plus juste. Car l’œuvre de Dieu qui sauve les personnes ne peut être séparée de l’éducation des peuples : il faudra toujours réprimer le violent et gouverner dans la crainte du Seigneur. Nous aurions tort de penser que la soif de justice se termine avec le Christ. L’amour et le pardon que Jésus proclame sont au service d’un salut de l’humanité par la vérité, la justice et la nourriture partagée. Si nous oublions de telles exigences, notre amour “évangélique” n’est qu’une illusion. Le renouvellement du peuple de Dieu se manifestera dans un nouvel équilibre de la nature : le lion mangera de l’herbe. Traduit en termes modernes : la technologie, l’écologie et une plus grande coopération entre les peuples, permettent de réguler les forces hostiles de la nature. À partir d’Isaïe, les prophètes verront le Messie, le futur roi consacré par Dieu, comme l’homme de l’Esprit. Voir dans la seconde partie d’Isaïe le texte de 61.1, et le commentaire que Jésus en donne : Luc 4.18. Quand l’Esprit de Dieu est communiqué aux croyants par le sacrement de la confirmation, l’Église leur rappelle : l’esprit de sagesse, d’intelligence, de force, etc.


Source: Bible des peuples