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Ex 14,30

Commentaire: LE DIEU SAUVEUR
Il y a sûrement bien peu de gens qui honorent quelque divinité sans attendre d’elle un peu ou beaucoup d’aide dans leurs difficultés : “Tire-moi de ce mauvais pas…, sauve-moi de l’ennemi qui me poursuit…, guéris-moi de cette maladie…” On cherche bien là son salut. C’est pourtant dans un sens très différent que l’on entendra le salut offert par les grandes religions, et l’on parlera du salut bouddhiste, du salut musulman, du salut chrétien… Cette fois il y a la conscience d’un mal profond qui affecte la condition humaine, l’aspiration à une vie plus heureuse dans l’au-delà de la mort, la foi en un chemin qui nous est offert si nous obéissons à certains préceptes ou si nous entreprenons certaines réformes dans notre vie. En ce sens il est bien vrai que toute la Bible nous offre le salut, mais ce n’est pas un message donné tout entier dès le départ. Il n’y a pas de salut qu’on puisse offrir à tous sans qu’ils aient fait eux-mêmes un certain chemin. Il faut à l’enfant, puis au jeune, puis à l’adulte, bien du temps et des expériences pour qu’il puisse discerner ce qui est bon pour lui et ce qui lui fait mal, ce qui n’est qu’apparence et ce qui est vraie richesse et vrai bonheur. Et toutes les expériences que la Bible nous conte vont dans un même sens : l’homme ne peut pas s’en tirer tout seul. Il part avec de grands projets et de belles intentions, mais toujours, tôt ou tard, il retombe. Bien des peuples considéraient que les dieux sont jaloux de nous ; la Bible élimine ces soupçons dès le chapitre 3 de la Genèse, et c’est alors qu’elle donne un premier message d’espérance, sans donner de précision : il y aura à la fin une victoire de l’humanité sur le mal. Mais cela ne se fera pas sans Dieu. Ce que la Bible met en relief, lorsque la troupe de Moïse est délivrée de ses poursuivants, quelque part sur les bords de la Mer des Roseaux, ce n’est pas d’abord qu’on a été sauvé, mais qu’il y a eu un Dieu Sauveur : Yahvé s’est fait mon libérateur, c’est lui mon Dieu, le Dieu de mon père (15.2). Le texte montre clairement qu’Israël était incapable de se tirer d’affaire, et qu’il n’a même pas eu le courage de regarder le danger en face, mais Yahvé est intervenu de façon gratuite en sa faveur. Il est intervenu, à la fois par fidélité aux promesses qu’il avait déjà faites aux pères (15.2), et parce qu’il voulait faire d’Israël son partenaire (15.13). Ce passage de la mer n’était sans doute qu’un très petit incident au regard de l’histoire, et le salut offert à des nomades qui voulaient s’échapper peut nous sembler bien étranger aux grandes questions qui tourmentent l’humanité. Pourtant l’essentiel est déjà dit. Il faudra des siècles pour découvrir toute l’ampleur du salut que Dieu offre à l’humanité, mais déjà dans cette page on affirme que l’homme ne se sauve pas par ses propres forces. C’est l’affaire de Dieu et de sa grâce (15.13), ou, si l’on veut, de sa générosité. Et l’on est déjà sauvé, en un certain sens, lorsqu’on sait que Dieu est un Dieu qui intervient et qui aime ; il est à la fois le partenaire et le but. L’homme restera pour Dieu un partenaire peu fidèle et toujours incertain : la Bible nous parlera longuement du péché de l’homme. La réconciliation avec Dieu et le pardon des péchés seront au cœur du salut annoncé par les prophètes lorsqu’ils annonceront une ère de paix et de réconciliation avec la nature. Et de même dans le Nouveau testament, notre réconciliation avec Dieu Père grâce à la mort de Jésus restera l’âme du salut chrétien.


Source: Bible des peuples